La ville de Tizi Ouzou a renoué, hier, avec les marches du mardi, pour le changement radical du système, que les étudiants ont abandonné depuis mi-juillet dernier au début des vacances universitaires qui a donné lieu à une remarquable mais prévisible démobilisation de la communauté estudiantine. Cette première marche qui sonne la remobilisation, que d'aucuns attendaient pour cette rentrée sociale, a eu un écho favorable auprès des citoyens de la région qui l'ont rejointe par centaines. Organisée à l'appel d'anciens étudiants, la marche d'hier s'est ébranlée à 11h depuis l'entrée du campus Hasnaoua, de l'université de Tizi Ouzou, pour suivre l'itinéraire habituel menant jusqu'à la place de L'Olivier via le boulevard Abane-Ramdane au centre-ville, où de nombreux citoyens de passage sont venus grossir ses rangs. "Nous avons appelé à cette marche pour non seulement donner un souffle aux manifestations, mais aussi pour essayer de remobiliser l'université et la motiver à reprendre la rue", nous dira d'emblée un des initiateurs de la manifestation. Sans aucune surprise, c'est une large banderole exprimant le rejet de l'élection présidentielle qui a été déployée en première ligne de la marche. "Non aux élections avec la Constitution actuelle, oui à la transition et à l'élaboration d'une nouvelle Constitution qui assemblera et rassemblera tous les Algériens", lit-on sur cette banderole. Un message qui se veut une réponse immédiate au chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, qui a évoqué, avant-hier, la nécessité de convoquer le corps électoral le 15 septembre prochain. Les manifestants ne se sont, bien entendu, pas contentés d'exprimer le rejet de l'élection dans ce seul message écrit, puisque tout au long de l'itinéraire de la marche ils scandaient également à tue-tête "Ulac l'vot ulac", "Makanch intikhabate ya el-îssabate". Les manifestants scandaient aussi "Y en a marre des généraux", "Noukni nennad atsrouhem", "Djazaïr hourra democratia", "Madania, matchi âaskaria" et surtout "Chaâb yourid el-istiklal". Sur les nombreuses pancartes brandies par les manifestants, on pouvait également lire : "Madania matchi âaskaria, oua la boulicia. Système dégage", "Pas confiance en vous. Dégagez tous. 57 ans barakat", "Bientôt la fin du parcours de la îssaba", "Libérez les détenus d'opinion", "Soyons plus unis que jamais afin de nous libérer de la dictature. Non au pouvoir des généraux" ou encore "Pour notre liberté, nous irons jusqu'au bout, quel que soit le prix… Gaïd dégage !"