Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté hier en Inde contre une loi sur la citoyenneté voulue par le gouvernement nationaliste hindou, qui selon ses détracteurs discrimine les musulmans. Quelque 30 000 personnes ont défilé à Bangalore (Sud), plus de 20 000 à Siliguri et des milliers à Chennai, tandis que de grands rassemblements ont été également organisés à New Delhi, Guwahati et d'autres villes, où les manifestants ont scandé des slogans hostiles au gouvernement du Premier ministre Narendra Modi. La contestation ébranle l'Inde depuis l'adoption le 11 décembre de cette loi, qui facilite l'obtention de la nationalité indienne pour les réfugiés d'Afghanistan, du Pakistan et du Bangladesh, sauf ceux de confession musulmane. Les critiques estiment qu'il s'agit de la première étape vers la création d'un registre national qui, pour beaucoup des 200 millions de musulmans indiens, pourrait faire d'eux des apatrides. Nombre d'Indiens pauvres n'ont aucun document pour prouver leur nationalité. Au moins 27 personnes ont péri dans les manifestations de ces dernières semaines et des centaines d'autres ont été blessées dans des affrontements avec la police, alimentant la colère populaire. Dix-neuf des tués l'ont été dans l'Etat d'Uttar Pradesh (Nord), où la police est accusée de faire un usage disproportionné de la force. "Les hindouistes, les musulmans et les sikhs se rassemblent partout pour protester, et nous continuerons à protester jusqu'à ce que cette loi soit supprimée", a lancé l'homme d'affaires, Nazir Ahmed, dans la manifestation à Bangalore. À New Delhi, les contestataires ont juré de poursuivre leur "résistance comme à Hong Kong", où un mouvement pro-démocratie secoue la ville depuis 7 mois. Le ministre de l'Intérieur, Amit Shah, a assuré vendredi que la loi n'était pas discriminatoire, en lançant une campagne du parti au pouvoir pour lutter contre la "désinformation" qu'il accuse les partis d'opposition de propager.