Les appels à une désescalade n'arrivent pas à avoir un écho positif chez les parties libyennes, mais aussi auprès de certains pays, directement impliqués dans la guerre en Libye. Après l'ONU, l'Union africaine (UA) a réagi contre l'ingérence étrangère en Libye, à travers un communiqué du président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki, relayé hier par des médias. "Les différentes menaces d'interférence politique ou militaire dans les affaires internes du pays augmentent le risque de confrontation, avec des motivations qui n'ont rien à voir avec les intérêts fondamentaux du peuple libyen et ses aspirations à la liberté, la paix, la démocratie et le développement", a indiqué M. Faki dans son communiqué. M. Faki s'est également déclaré "profondément préoccupé par la détérioration de la situation en Libye et par les souffrances du peuple libyen qui perdurent", mettant en garde contre les "conséquences dangereuses" d'une telle crise pour l'ensemble du continent. La réaction de l'UA intervient au lendemain du vote par le Parlement turc d'une motion autorisant au président Recep Tayyip Erdogan d'envoyer des militaires en Libye pour soutenir le Conseil présidentiel du Gouvernement d'union national (GNA) contre le général Khalifa Haftar. Ce dernier, bras militaire des autorités parallèles de l'Est libyen, mène une offensive militaire visant le contrôle de la capitale Tripoli depuis le 4 avril 2019. Les combats opposant ses troupes à celles du GNA ont doublé en intensité ces derniers jours, faisant plus d'un millier de morts, dont des victimes civiles, et plus de 120 000 déplacés. "Je suis horrifié par ces attaques aveugles contre des zones et des infrastructures civiles qui continuent de faire des victimes innocentes", a dénoncé Yacoub El Hillo, représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l'ONU en Libye. Selon la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), au moins 11 civils ont été tués et plus de 40 autres blessés depuis début décembre 2019. Et la situation n'est pas près de s'améliorer avec l'appel à une "mobilisation générale" et le "jihad" lancé vendredi soir par M. Haftar à ses troupes pour un éventuel face-à-face imminent avec les soldats turcs. "Nous acceptons le défi et déclarons le jihad et la mobilisation générale", a déclaré l'homme fort de l'Est libyen, dans un discours retransmis par la télévision al-Hadath acquise à sa cause. "Resserrons nos rangs et laissons de côté nos divergences", a-t-il lancé. "L'ennemi regroupe ses forces pour envahir la Libye et asservir notre peuple" et a trouvé "parmi les traîtres ceux qui ont signé avec lui un accord de soumission, d'humiliation et de honte", a-t-il dit, en référence à un accord militaire signé fin novembre 2019 entre Ankara et le GNA. Les alliés saoudien, émirati, bahreïni et égyptien du général à la retraite ont réagi, eux aussi vendredi, au vote jeudi par les députés turcs du texte autorisant l'envoi de soldats turcs en Libye. Dans un communiqué commun, les Parlements des quatre pays arabes ont affirmé que la décision turque est "une violation flagrante et inadmissible des règles du droit international et constitue une agression contre la souveraineté libyenne et l'unité de ses terres".