Le militant des droits de l'Homme, Kaddour Chouicha, comparaît aujourd'hui devant la Cour d'appel d'Oran dans un état de santé très inquiétant. "M. Chouicha qui souffre d'hypertension artérielle, de diabète, de problèmes pulmonaires et rénaux ne va pas bien. Dans la nuit de samedi à dimanche, il a été transféré en urgence au pavillon de cardiologie du CHU d'Oran et depuis, il est à l'infirmerie de la maison d'arrêt", a confirmé un de ses avocats, Me Farid Khemisti, qui a rendu visite à son client dimanche matin. Dans une lettre postée sur les réseaux sociaux, dont Liberté s'est fait l'écho dans son édition de dimanche, la famille Chouicha a pris à témoin l'opinion nationale et internationale sur l'état de santé fragile du détenu politique de 63 ans, incarcéré dans un établissement pénitentiaire qui "ne dispose par de moyens pour faire face à d'éventuelles complications" et appelé à son "transfert en urgence dans une unité de soins adéquate (…)". Le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) est poursuivi pour trois chefs d'inculpation qui lui ont valu une année de prison ferme en première instance : offense au président de la République (article 144-bis du code pénal), outrages et violences à fonctionnaires de l'Etat (art. 144) et exposition au regard du public de documents de nature à nuire à l'intérêt national (art. 96). Selon Me Khemisti, il sera défendu par une dizaine d'avocats du collectif de défense du hirak, et de nombreux autres venus d'autres wilayas du pays telles que Sidi Bel-Abbès, Alger, Tizi Ouzou ou encore Béjaïa. Mes Mustapha Bouchachi, Noureddine Benissad et Abdelghani Badi sont également annoncés pour prendre la défense de celui qui a consacré une grande partie de sa vie à la défense des droits humains. Kaddour Chouicha peut également compter sur le soutien du hirak dont il est l'un des principaux animateurs, puisqu'un rassemblement citoyen de solidarité est prévu devant le Palais de justice d'Oran dès les premières heures de ce mardi. En outre, une partie des étudiants devrait entamer leur marche hebdomadaire depuis la Cour. Lors de sa comparution directe devant le tribunal correctionnel de Cité Djamel le 10 décembre dernier, l'enseignant universitaire a totalement assumé ses engagements de militant pour les droits de l'Homme et déclaré ne rien regretter des actions qu'il a entreprises dans le cadre de son combat. Le représentant du parquet, qui, lui, a considéré que l'accusé était coupable des faits reprochés, a requis une année de prison ferme et 20 000 DA d'amende. Ce que les avocats de la défense ont trouvé "scandaleux" dans la mesure où, ont-ils estimé, "le dossier de l'accusation est vide". Un mois après avoir été brutalement condamné à une année de prison ferme, Kaddour Chouicha pourrait bénéficier d'une réduction de peine, voire d'une libération pure et simple. C'est, en tout cas, ce que ses proches et ses avocats attendent au regard du contexte sociopolitique quelque peu apaisé par l'élargissement surprise des 76 détenus du hirak, jeudi dernier.