La vague nationale de libération des détenus d'opinion a touché deux prisonniers à Oran, à savoir le bédéiste Benabdelhamid Mohamed Amine, dit Nime, et le hirakiste béjaoui, Yazid Hamane. Nime avait été interpellé le 26 novembre au siège de son agence de publicité et mis en garde à vue avant d'être présenté, deux jours plus tard, au magistrat instructeur qui a ordonné sa mise sous écrou. Le 5 décembre, le caricaturiste a été jugé pour offense au président de la République (article 144-bis du code pénal), outrages et violences à fonctionnaires de l'Etat (art. 144) et exposition au regard du public de documents de nature à nuire à l'intérêt national (art. 96), que l'accusation a cru déceler dans des dessins sur le hirak réalisés par l'artiste. Le prévenu a expliqué que ses œuvres sont "l'expression artistique de son ressenti" sur les événements qui agitent l'Algérie et ne renferment "aucune arrière-pensée politique". Le procureur de la République n'en a pas moins requis 18 mois de prison ferme et le tribunal a prononcé une année de prison dont trois mois fermes. De son côté, Yazid Hamane, originaire de Béjaïa, avait été arrêté lors d'une marche du vendredi et s'est retrouvé derrière les barreaux sans que ses proches et sa famille soient avertis. L'information de son incarcération n'est parvenue aux oreilles du Comité de lutte contre la répression, du Collectif de défense du hirak et de la presse que grâce au militant des droits de l'Homme, Kaddour Chouicha, qui a donné l'alerte au lendemain de sa condamnation le 10 décembre. Yazid Hamane a été jugé cinq jours plus tard et a été condamné à trois mois de prison ferme pour des faits liés à l'exposition au regard du public de documents de nature à nuire à l'intérêt national. Avec la mise en liberté de ces deux détenus —Nime devant comparaître en appel le 9 janvier — seuls deux détenus du hirak restent prisonniers de l'établissement pénitentiaire d'Oran : Kaddour Chouicha, condamné en comparution immédiate à une année de prison ferme pour les mêmes chefs d'inculpation retenus contre le bédéiste, et Jawad Belkacem dont la peine d'une année de prison, prononcée en première instance en octobre dernier par le tribunal correctionnel de Cité Djamel, avait été réduite, en appel, à quatre mois fermes le 10 décembre. Le procès en appel de Kaddour Chouicha doit se tenir le 7 janvier prochain et sa famille comme ses proches ne désespèrent pas de le voir recouvrer sa liberté. Il reste que plusieurs autres hirakistes, majoritairement poursuivis pour port de l'emblème amazigh, sont en liberté provisoire ou sous contrôle judiciaire, en attendant la programmation de leur procès.