Nombre de partis ou de leurs représentants ont réagi à l'annonce par le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, lors du dernier Conseil des ministres, de la révision prochaine de la Constitution, en exprimant leur vision et leurs attentes quant à la nature des amendements envisagés. Ainsi, Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, a rappelé que sur le principe, cela fait "bien longtemps" que son parti a demandé une révision de la Constitution, parce que "la Constitution actuelle est complètement déséquilibrée". Les idées essentielles qu'il va défendre : la séparation des pouvoirs, afin de "donner toute l'autonomie au pouvoir judiciaire", la diminution des pouvoirs du président de la République, parce qu'"actuellement, on a un conditionnement d'un hyperprésident ou d'un empereur". Il a précisé qu'"il faut le faire en faveur de l'Assemblée nationale pour renforcer ses pouvoirs, et qui devra, elle, désigner indirectement le gouvernement". Ensuite, "il nous faut une Cour constitutionnelle, c'est-à-dire qu'il n'y aura pas un Conseil constitutionnel désigné par le président de la République, mais au contraire par des mécanismes qui permettent une représentation équilibrée des institutions". Et enfin, "renforcer l'idée de la commission indépendante pour la gestion des élections, et également travailler sur la territorialisation du schéma administratif, afin de rapprocher l'administration du citoyen et donner plus de pouvoir aux entités territoriales". Pour sa part, Lakhdar Benkhellaf, président du conseil national d'El-Adala (FJD), considère que "la Constitution nécessite un amendement profond et global qui toucherait tous ses chapitres", en expliquant que "les prérogatives du président de la République, qui sont celles d'un superprésident, doivent être révisées et réparties sur les autres pouvoirs". Il estime qu'il est impératif, aussi, d'éloigner l'argent sale de la politique, de revoir la nature du régime qu'il souhaiterait qu'il soit semi-présidentiel. À cela s'ajoute la nécessité d'amender l'article 174 de la Constitution portant sur la commission de surveillance des élections qui doit être remplacée par la haute instance de surveillance et d'organisation des élections. Les lois qui ont une relation directe avec ces questions doivent être revues également, a-t-il soutenu, jugeant qu'elles doivent passer rapidement avant la dissolution de cette APN. Pour sa part, Athmane Mazouz, député RCD, et néanmoins porte-parole de sa formation, affirme sans ambages que "le parti ne souhaite rien venant d'un pouvoir illégitime et d'un chef d'Etat illégitime". "La seule chose qu'on pourra attendre d'eux, c'est qu'ils partent et qu'ils cèdent la place", a-t-il indiqué, rappelant que "chaque chef d'Etat qui arrive triture une nouvelle Constitution sur laquelle il va s'appuyer pour encore se servir et servir le système". Et de rappeler enfin que le RCD a déjà fait des propositions dans ce sens. "Il y a même un projet de Constitution pérenne qui a été élaboré, par le passé, qui était partagé presque dans sa totalité à Mazafran par toutes les forces qui avaient participé", conclut-il. Ancien député du FFS, Samir Bouakouir a estimé, en ce qui le concerne, que si Tebboune veut réellement changer "en profondeur" la Constitution pour, dit-il, "promouvoir une véritable démocratie participative", il lui faudra d'abord changer de méthode. "On ne construit pas une démocratie avec des moyens non démocratiques", tranche-t-il. Selon lui, "confier à des experts, après l'organisation d'une comédie consultative, l'écriture de la Constitution ne fera que reproduire les vieux schémas des Constitutions octroyées (…) Son élaboration, selon des mécanismes démocratiques, doit donc être précédée d'un large débat au sein de la société". Enfin, a-t-il estimé, "c'est à une Assemblée législative dotée du pouvoir constituant, librement élue, que revient la prérogative de doter le pays d'un socle constitutionnel incontesté et incontestable".