Des milliers de manifestants ont investi les rues d'Alger, ce vendredi, pour exiger la libération des détenus d'opinion et le changement radical du système. La 49e marche a débuté timidement en raison d'un important dispositif policier déployé tout au long de la rue Didouche Mourad jusqu'à la rue Khelifa Boukhalfa. En effet, plusieurs fourgons occupaient les axes principaux du centre-ville, ainsi que des agents de police dispersaient les premiers manifestants afin d'empêcher les rassemblements. L'entrée du siège du RCD a été d'ailleurs carrément bouclée par un cordon sécuritaire, alors que quelques militants du parti ont été interpellés plus tard du côté de la place Audin. En dépit des tentatives d'intimidations de la part des forces de l'ordre, les manifestants n'ont pas abdiqué, bien au contraire, à partir de 14h, les manifestants ont aussitôt pris possession des lieux, notamment à hauteur de la rue Victor Hugo, où ils ont entamé leur marche. Les rues d'Alger s'étoffaient ainsi au fur et à mesure avec l'arrivée des citoyens qui affluaient des autres quartiers de la capitale, de Sacré Cœur, de la rue Hassiba Ben Bouali, ou encore de la Casbah et Bab El Oued. Comme à l'accoutumée, ils ont réitéré une nouvelle fois leurs revendications principales, à savoir « un Etat civil et non militaire », « l'indépendance de la justice », « la liberté de la presse » et « la libération des détenus », tout en brandissant des pancartes de Karim Tabbou et de l'étudiante Nour El Houda Oggadi. Les manifestants ont également scandé à l'unisson, « el gaz sakhri dirou fi Paris » (le gaz de schiste, exploitez-le à Paris), pour répondre au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui lors d'une entrevue avec des responsables de médias nationaux, mercredi passé, avait jugé « nécessaire » l'exploitation du gaz de schiste. À 15h30, suite à deux interpellations opérées par les policiers à hauteur de la rue Asselah Hocine, les marcheurs ont observé une halte pour se regrouper à proximité du commissariat de Cavaignac. La marche n'a repris son cours qu'une fois les manifestants relâchés. Sihem Benmalek