Poétesse à ses moments de répit que lui concède son chevalet, l'artiste peintre a été élevée à l'école de l'autodidactie, où elle s'exprime à l'aide de l'art tatoué de l'aouchem millénaire que nous a légué le poète Jean Sénac. Il y a, nous semble-t-il, comme un air de naïveté dans l'âme de l'artiste peintre Hamoud Karima qui égaie la galerie d'art Asselah-Hocine de l'établissement Arts et Culture depuis le 11 janvier. S'il en est une preuve de gaîté, celle-ci se discerne dans son don inné de réussir la sélection de nuances qu'elle étale sur les murs de la Casbah qu'elle a gardée dans ses cahiers d'écolière. Et quoi de plus adroit que les lignes sinueuses de la vieille médina d'Alger lorsqu'il s'agit de tracer les figures autant précises que méthodiques et qui sont adéquates aux douérate et aux zniqate de ses années de collégienne ? Autrement, les traits du figuratif et l'art de l'aouchem (le signe) créent l'union autour de la ligne qui montent vers le stah (terrasse) et autour de l'anse de la jarre du terroir, devine-t-on dans le geste de ce professeur de dessin qui puise l'aouchem millénaire sur les parois d'une grotte du Tassili. Poétesse à ses moments de répit que lui concède son chevalet, Hamoud Karima a été élevée à l'école de l'autodidactie, où elle s'exprime à l'aide de l'art tatoué de l'aouchem millénaire que nous a légué le poète Jean Sénac (1926-1973) qu'il parrainait à la Galerie 54 d'Alger aux côtés des "peintres de la Nahda" (Renaissance). Elle écrit le signe comme d'autres brodent le tapis berbère sur le métier à tisser. Enfin et pas que, du fait que cette native de Bologhine est également une adepte de l'école du Patchwork de Hydra quand la peinture sur verre lui laisse aussi du temps. En ce sens, l'art de Hamoud Karima révèle tout simplement de l'amour pour les couleurs qu'elle désire partager avec les sujets de ses œuvres. Pour conclure, la naïveté est bel et bien dans le style de Hamoud Karima. Pour rappel, le style dit naïf a éclos dans le recueil stylistique de l'art afin d'opérer le distinguo entre l'artiste peintre au talent reconnu et les œuvres de l'élu majeur à l'art naïf qu'incarnait de son vivant Henri Rousseau (1844-1910) dit le Douanier Rousseau qui s'était illustré avec clarté lors de l'ouverture du Salon des artistes indépendants en 1885. Si tant auréolé de succès qu'il fera dire au poète Eugène Grindel dit Paul Eluard (1895-1952) : "Ce qu'il voyait n'était qu'amour et nous fera toujours des yeux émerveillés." Et depuis, l'innocence s'est alliée à la niaiserie de ces amateurs qui élisaient autrefois chevalets au bord de la Seine à Paris et que les autres affublaient de "peintres du dimanche". Mais que peut la méchanceté du quolibet lorsqu'il y a la volonté de croquer au-delà même de l'ordre et du code protocolaire de l'art. Si tant que l'envie de crayonner s'est traduite, certes, avec des dessins d'enfants, mais des dessins quand même et jusqu'à ce que l'amateur s'invite à son tour à l'exposition qui s'était tenue à la salle Royale de Paris en 1937 sous l'intitulé "Les maîtres populaires de la réalité". Mieux, voyant l'esthétique qu'il y avait à exploiter dans l'art naïf, le collectionneur et critique d'art allemand Wilhelm Uhde (1874-1947) s'est ingénié à promouvoir la peinture naïve, en exclusivité les toiles d'Henri Rousseau. Donc, le mieux est de donner de son temps à l'exposition de Hamoud Karima qui sème des couleurs que l'environnement n'a pas, et ce, jusqu'à la fin du mois en cours.