Les prix du pétrole ont baissé vendredi dernier en cours d'échanges européens, pénalisés par les inquiétudes pesant sur la demande mondiale, notamment en Chine où les mesures prises pour contrer l'épidémie virale (le coronavirus) pourraient ralentir l'activité économique. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars valait 61,70 dollars à Londres. Voilà un défi qui se dresse devant les pays membres de l'Opep+, acronyme regroupant l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et plusieurs pays alliés, dont la Russie. Comment cette alliance va-t-elle parer à cet imprévu ? Va-t-elle l'aborder de front, en convoquant de toute urgence une réunion de ses membres pour en discuter ? Va-t-elle attendre que la tempête passe ? Encore faut-il qu'elle passe ! Pour beaucoup, la question n'est pas de savoir si une solution appropriée pourrait être trouvée, mais de quoi sera-t-elle faite et quand interviendra-t-elle ? L'Opep+ devrait se réunir en mars prochain pour prolonger ou non l'accord de réduction de la production. Mais certains membres de l'alliance souhaitent se rencontrer en juin prochain pour en parler. Au-delà des dates envisagées, l'Opep n'a pas beaucoup de cordes à son arc. Le seul levier dont elle dispose est d'agir sur l'offre. L'Opep a décidé, début décembre dernier, d'une baisse de production supplémentaire d'au moins 500 000 barils par jour. Cette réduction va porter l'effort total de limitation de production à 1,7 million de barils par jour pour l'ensemble des producteurs réunis sous l'appellation Opep+. Va-t-elle réduire davantage sa production, alors que certains producteurs qui lui sont extérieurs surproduisent autant qu'ils le désirent ? Il est vrai que le niveau de production de pétrole de brut à l'échelle mondiale fluctue en fonction des décisions prises par l'Opep concernant les quotas face au niveau des prix, aux principaux événements et au respect de ces quotas par ses membres. Mais, elle semble avoir de moins en moins d'emprise sur le marché. La preuve, elle a opéré des coupes successives dans sa production. Elle n'a toutefois pas réussi à redonner de la vigueur aux prix. Que faire ? Des experts suggèrent de laisser le marché s'occuper de la façon de faire. Seulement, le marché peut produire des effets dont ne peuvent s'accommoder les producteurs a fortiori les petits d'entre eux. Mais, sur les marchés à terme, certains experts ressentent de l'espoir et de l'optimisme. Pour la première fois en cinq ans, Goldman Sachs ne voit pas le cours du pétrole baisser en 2020. Damien Courvalin, analyste en matières premières de la banque d'investissement, souligne en effet que les prix "stabilisés par la maîtrise de l'offre de pétrole de l'Opep et par des producteurs d'huile de schiste plus disciplinés vont générer des rendements élevés pour les investisseurs sur les marchés à terme". Le système pétrolier "a augmenté sa résistance aux chocs", constate Damien Courvalin.