La mission des Nations unies en Libye (Manul) a accusé hier des pays étrangers de flagrante violation de l'embargo sur les armes en Libye, une semaine après le sommet de Berlin. Les livraisons d'armes aux factions rivales par des Etats étrangers se poursuivent en Libye, une semaine à peine après des engagements pris lors de la conférence internationale de Berlin, a dénoncé hier l'ONU, tout en se disant inquiète du sort de la trêve actuelle. La Mission des Nations unies en Libye (Manul) "regrette profondément les violations flagrantes et persistantes de l'embargo sur les armes", objet de la résolution 1970 de 2011 au Conseil de sécurité, "malgré les engagements des pays concernés" pris à Berlin le 19 janvier, est-il écrit dans un communiqué diffusé hier par la mission onusienne en Libye. Si la Manul note avec satisfaction la baisse relative des combats, offrant ainsi "un répit bienvenu pour les habitants de la capitale", il n'en demeure pas moins que "cette trêve fragile est aujourd'hui menacée par l'acheminement de combattants étrangers, d'armes, de munitions et de systèmes avancés aux parties par les Etats membres, dont plusieurs ont participé à la conférence de Berlin", a insisté la mission de l'ONU, sans identifier ces pays. Les auteurs du document s'alarment en outre "des vols de fret et autres" qui ont atterri ces dix derniers jours dans des aéroports de l'ouest et de l'est de la Libye pour livrer aux belligérants "des véhicules blindés, des conseillers et même des combattants". Le conflit libyen, qui a connu une escalade meurtrière depuis le 4 avril 2019, avec l'offensive sur la capitale Tripoli menée par le général à la retraite Khalifa Haftar, est alimenté par plusieurs puissances étrangères, faisant de ce pays un terrain de guerre par procuration. L'émissaire de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, n'a pas cessé d'avertir contre la violation de l'embargo sur les armes par les pays concernés, dont les conséquences ne font que creuser davantage les divisions en Libye. Si la conférence de Berlin a permis d'interrompre plus ou moins la confrontation directe entre les deux acteurs en guerre et jeter les fondements diplomatiques pour une entente entre les pays concernés, il reste qu'elle n'a pas pu faire asseoir les principaux belligérants — Khalifa Haftar et Fayez El-Serraj — autour d'une même table pour entamer un dialogue sérieux. Il faut le dire, une solution globale et politique au conflit qui ronge ce pays, et dont les conséquences retomberont à coup sûr sur toute la région sahélo-sahélienne, ne dépasse pas pour l'instant le vœu pieux. Le sommet de Berlin n'a obtenu aucun résultat concret. Or, pour une solution durable, il faut d'abord un accord entre les acteurs concernés de la communauté internationale, les acteurs régionaux et les acteurs locaux en Libye. Samedi, de nouveaux accrochages autour de Tripoli ont fait au moins un mort — un Marocain — et blessé sept civils, a déclaré hier à des médias Amine al-Hachemi, porte-parole du ministère de la Santé du GNA. Depuis le 4 avril 2019, plus de 2 000 combattants et plus de 280 civils ont été tués, d'après l'ONU. Près de 150 000 Libyens ont été déplacés.