À l'initiative du collectif des enseignants et travailleurs ATS de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa, un rassemblement de soutien aux détenus politiques et d'opinion a été organisé, hier, devant la bibliothèque centrale du campus d'Aboudaou. Plusieurs étudiants, enseignants et fonctionnaires de l'université, ont pris la parole lors de ce rassemblement devenu hebdomadaire, et qui se veut un espace de débat et de concertation pour s'exprimer sur les derniers développements de la scène politique nationale. Certains intervenants, à l'image de l'enseignant à la faculté de droit, Ahmed Benberkane, ont tenu à déplorer "un certain déclin de mobilisation" qu'a connu, ces dernières semaines, la marche hebdomadaire de la communauté universitaire de Béjaïa. "Nous sommes condamnés à mener jusqu'au bout notre révolution pacifique. La répression policière et les poursuites judiciaires qui s'abattent sur les manifestants, notamment à Alger, ne font plus peur aux Algériens soucieux du devenir de leur pays", a déclaré la militante Sabrina Zouagui, enseignante de littérature française. Invité à prendre la parole, l'activiste Hillal Yahiaoui, ex-détenu du hirak, qui a purgé une peine de six mois d'emprisonnement, a remis au goût du jour l'option de "désobéissance civile" qui constitue, à ses yeux, "la seule alternative plausible à l'entêtement du pouvoir en place". D'aucuns parmi les intervenants dans les débats ont remis en cause tous "les soi-disant chantiers de réformes" annoncés par le président "illégitime", Abdelmadjid Tebboune, qui ne cherche, d'après eux, qu'à sauver le système. Les dernières déclarations du chef de l'Etat exprimant la volonté des autorités algériennes de se lancer dans l'exploitation du gaz de schiste ont été également battues en brèche par bon nombre d'intervenants qui ont rappelé les lourdes conséquences écologiques d'un tel projet. Notons, enfin, qu'un hommage particulier a été rendu par les organisateurs de l'action d'hier à l'étudiante hirakiste de Tlemcen, Nour El-Houda Oggadi, ainsi qu'au plus vieux détenu politique en Algérie, Mohamed Baba Nedjar, qui croupit dans les geôles du pouvoir depuis 2005.