Il n'y avait presque plus d'étudiants dans la marche du 51e mardi, hier à Tizi Ouzou, mais ce n'est pas pour autant que ceux qui s'impatientaient de voir le mouvement estudiantin s'essouffler dans la région peuvent crier victoire tant les citoyens ont désormais pris le relais pour maintenir la mobilisation de chaque mardi. En effet, si sur les 60 000 étudiants que compte l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, seule une petite poignée d'entre eux — une vingtaine au maximum — continue de battre le pavé chaque mardi, des centaines de citoyens, hommes et femmes, ont déjà pris le relais pour maintenir la flamme et la symbolique de cette journée qui compte parmi les constantes de la révolution populaire du 22 février. C'était le cas, hier, à l'occasion de la 51e marche qui a vu encore défiler des centaines de citoyens aux cris de "Dawla madania, matchi âaskaria". Après une vaine attente de l'habituel carré d'étudiants qui n'arrivera finalement pas, la foule, qui aura compris que le fameux slogan "l'université s'engage, système dégage", est désormais rangé, s'ébranle de l'entrée du campus Hasnaoua, à 11h30, en direction de la place de la Bougie, à l'autre extrémité de la ville. Tout au long de leur itinéraire, des citoyens venaient, comme de coutume, grossir les rangs de la marche. Tout en se dirigeant vers le point de chute, la foule scandait des slogans et reprenait surtout des chants s'attaquant pêle-mêle au système, en général, à Tebboune, en particulier, et à tous ceux qui ont servi l'ancien système et qui tentent de se recycler au profit du régime actuel. "Nkemlouha ghir bi silmiya, hetta yaskout ennidham" (On poursuivra avec pacifisme jusqu'à la chute du régime), "Istiklal", "On n'abdiquera pas jusqu'à la chute du régime", "Période de transition, errahil obligatoire", scandaient les manifestants qui dénonçaient également le projet de la nouvelle Constitution initié par Tebboune et réaffirmaient leur rejet de tout dialogue avec le pouvoir.