Cette remobilisation, qui se renforce déjà en cette fin d'été, est annonciatrice d'une rentrée sociale encore plus chaude. La mobilisation qui a réussi déjà à se maintenir, à Tizi Ouzou, même avec les grosses chaleurs de l'été qui atteignaient parfois les 55°, commence à reprendre ses niveaux impressionnants au fur et à mesure que s'achève la saison estivale, que les températures baissent et que les estivants rentrent de vacances pour renouer aussitôt avec les manifestations du vendredi. D'aucuns ont constaté, en effet, hier, que la foule qui a déferlé sur la ville des Genêts était encore plus impressionnante que celle de vendredi dernier. Cette remobilisation, qui se renforce déjà en cette fin de l'été, est annonciatrice d'une rentrée sociale encore plus chaude, et qui sera sans doute des plus décevantes pour ceux qui misaient, du moins dans cette région, sur l'essoufflement du mouvement populaire qui vient d'entamer son septième mois sans rien perdre de sa détermination. Une détermination qui n'est pas seulement perceptible à travers l'importance de la foule, mais aussi et surtout à travers ses slogans réaffirmant la volonté du peuple à poursuivre son combat jusqu'au bout, jusqu'au départ de tout le système et l'instauration d'un véritable Etat démocratique. Preuve en est la foule qui s'est ébranlée depuis l'entrée de l'université Mouloud-Mammeri pour se diriger vers la Place de L'Olivier, via le centre-ville, ne cessait de scander à tue-tête des slogans hostiles aux tenants actuels du régime, à leur tête Gaïd Salah, ainsi qu'aux promoteurs du dialogue, principalement Karim Younès, réaffirmant le rejet de l'élection présidentielle et de tout dialogue avec le système. "Châab la yourid houkm el âaskar min djadid", "La hiwar la chiwar, errahil obligatoire", "Madania, matchi âaskaria", "Makach intikhabate mâa el-issabate", "Karim Younès chiatt el-îssabate", "Gaïd Salah dégage", "Rahou djay, rahou djay, el-îssyane el-madani" étaient d'ailleurs les slogans qui ont dominé encore hier lors de la marche. Il était également aisé de constater, hier, un retour massif de slogans et messages politiques écrits sur des banderoles et des pancartes. "Non aux élections avec la constitution actuelle. D'abord la transition et l'élaboration d'une nouvelle Constitution qui rassemblera tous les Algériens", lit-on sur l'une d'elles. Sur d'autres, on pouvait lire également : "Ni dialogue ni élection avec le reste d'el-îssaba. Dégagez d'abord. Oui à la transition", "Pas d'élection où le résultat sera connu d'avance. Le peuple n'abdiquera jamais", "Non au régime militaire, non aux élections avec Bedoui et Bensalah. Non au dialogue avec les résidus du système", "Pour notre liberté, nous irons jusqu'au bout, quel que soit le prix. Gaïd dégage". Comme toutes les marches depuis juin dernier, de nombreuses banderoles appelaient également à la libération des manifestants emprisonnés pour port du drapeau amazigh, de Lakhdar Bouregâa, de Louisa Hanoune et d'Issad Rebrab. D'autres slogans dénonçaient les chaînes qui se sont rangées du côté des tenants du régime actuel et aussi ceux qui ont découvert le militantisme le 22 février et qui mettent toute la presse dans le même sac. Samir LESLOUS