Signe que le malaise est profond aux Etats-Unis : les partisans et opposants à la guerre en Irak invoquent l'histoire dans leur argumentaire. Alors que les premiers n'hésitent pas à comparer le combat de Bush à celui mené dans les années 1940 contre le nazisme, les seconds appréhendent un second Vietnam pour l'Amérique. Les opposants à la guerre brandissent constamment l'exemple du Vietnam pour prédire une humiliante défaite américaine. Le syndrome du Vietnam est de retour et la Maison-Blanche le sait, affirme dans un tract l'association anti-guerre Answer. Enfonçant le clou, l'influent sénateur républicain, Chuck Hagel, parle d'un parallèle en train d'apparaître entre l'Irak et le Vietnam. L'Administration Bush a constamment rejeté cette comparaison. Les insurgés irakiens ne sont pas des Ho Chi Minh avec une base nationaliste, n'a cessé d'affirmer le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, en faisant référence au leader de l'indépendance vietnamienne. Les pro-Bush préfèrent comparer l'Irak à l'Allemagne de la Seconde Guerre mondiale, pays occupé par les Etats-Unis, qui l'ont transformé en pays démocratique. Des ultraconservateurs agitent le “péril vert”, en référence à l'islamisme radical. Bush n'a pas hésité à faire référence aux premiers pas de la démocratie américaine pour justifier les hauts et les bas du processus politique irakien. “La démocratie n'est pas facile, vous savez. Regardez combien de temps cela nous a pris pour notre Constitution, de 1776 à 1789”, a dit Rumsfeld, soulignant que dans son propre pays, tout de suite après la Constitution, il y a eu une guerre civile et le première mouture de celle-ci faisait encore référence à l'esclavage et les femmes ne pouvaient pas voter. Cette lutte entre références historiques peut s'avérer cruciale pour conserver ou perdre le soutien de l'opinion publique américaine, selon des experts estimant gagnante la métaphore sur le Vietnam. L'Américain lambda voit davantage une analogie avec l'enlisement au Vietnam qu'avec la création d'une Allemagne démocratique, moderne et développée. Les quatre derniers sondages montrent la poursuite à la baisse de la cote de Bush, essentiellement à cause de sa politique en Irak. D. B.