Un vibrant hommage a été rendu, hier, à la militante féministe Nabila Djahnine, présidente de l'association "Tighri n'tmetout", à l'occasion du 25e anniversaire de son assassinat, par des terroristes islamistes, le 15 février 1995 à Tizi Ouzou. Organisée à l'initiative du collectif "Assirem n'Yellis n'Djerdjer", en collaboration avec le Mouvement national des femmes algériennes en lutte pour l'égalité et le collectif "Axxam n'Da Ali", de Tizi Rached, cette commémoration a été placée sous le thème "Ensemble consolidons la mémoire de nos luttes. Non à l'amnésie". L'hommage a débuté par un recueillement devant la clinique M'douha, au chef-lieu de wilaya, qui porte le nom de Nabila Djahnine. Sur place, une minute de silence a été observée à la mémoire de cette militante connue "pour son engagement pour une société libre et égalitaire", comme l'ont rappelé ses amies lors de ce recueillement. Les activités commémoratives se sont poursuivies durant l'après midi à la cinémathèque de Tizi Ouzou, avec des témoignages, des chants et des projections, en hommage à cette femme qui a marqué de nombreuses générations par son combat, notamment pour l'émancipation de la femme à une période cruciale de notre histoire où l'islamisme et le conservatisme ont fait de la soumission de la femme le nœud gordien de son projet. Ayant côtoyé Nabila Djahnine, la militante Malika Bouhadef a évoqué une femme qui "avait mené un combat contre le système et ses archaïsmes". "À 28 ans, juste à l'époque de l'ouverture démocratique éphémère du président Chadli, elle savait déjà ce qu'un combat contre le système voulait dire", a estimé Mme Bouhadef qui a considéré Nabila "comme étant une hirakiste avant l'heure". "Dans les années 80 et 90, les conditions de la femme étaient vraiment difficiles. Aujourd'hui, elles sont là, elles marchent les vendredis et participent normalement à la vie citoyenne, et tout cela, grâce aux combats de femmes comme Nabila", a encore témoigné Mme Bouhadef. Quant à l'avocate Nacira Hadouche, membre du collectif Assirem n'Yellis n'Djerdjer, qui, elle aussi, a connu Nabila Djahnine, elle a évoqué une femme qui a lutté pour "une société harmonieuse et égalitaire". "Aujourd'hui, nous rendons un hommage à Nabila Djahnine, et ce, en présence de ses ami(e)s et de sa famille. C'est une occasion de parler du combat de Nabila, de son œuvre et de mettre en lumière tout ce qu'elle a fait pour la femme algérienne", a indiqué Me Hadouche pour laquelle "Nabila a été pour beaucoup dans l'éveil des consciences des filles, notamment ici à Tizi Ouzou. En plus d'avoir été pour l'abrogation du code de la famille, elle a beaucoup travaillé avec les femmes en détresse en apportant son soutien et sa solidarité pour cette frange de la société".