Des dizaines d'enseignants du primaire ont été interpellés, hier, suite au rassemblement organisé à la place des Martyrs. De là, ces manifestants devaient prendre la direction du Palais du gouvernement pour remettre leur plateforme de revendications et de protestation vu la non-satisfaction de leurs doléances. Rassemblés dès 10h, à l'appel de la Coordination autonome des enseignants du primaire (non agréée), des centaines d'enseignants, originaires de plusieurs wilayas du pays, ont été empêchés par un important dispositif des forces antiémeutes de marcher. Des enseignants venus de Laghouat, de Tissemsilt et d'autres wilayas ont été interpellés à la périphérie d'Alger, notamment à "la Côte" et à la gare routière du Caroubier, alors qu'ils tentaient de rejoindre le lieu de rendez-vous, selon les témoignages de leurs collègues. Sur place, les enseignants du premier cycle ont scandé des slogans qui résument leurs revendications, entre autres, "Jil thani (programmes de deuxième génération) à la poubelle, l'école recouvrera son indépendance", "Assatidha nahnou laha samidoune" (Nous les enseignants, sommes mobilisés et résistants), "Machi nakabia tansikia" (Nous ne sommes pas un syndicat, mais une coordination), en soulignant le caractère socioprofessionnel de leur mouvement en scandant "Machi siyassiya" (apolitique). Les protestataires ont également dénoncé le "blocus" qui leur a été imposé par les forces antiémeutes. "Quelle honte, l'enseignant est sous blocus", "Libérez l'enseignant", ont-ils crié. Les manifestants sont restés sur les lieux jusqu'à 11h45. Les instituteurs ont alors tenté un passage en force qui a été contenu par les forces antiémeutes qui ont usé de leurs boucliers. Dans la cohue qui s'en est suivie, des enseignants et enseignantes ont été jetés à terre alors que d'autres étaient embarqués de force dans des fourgons de police stationnés aux abords de la place. Certains enseignants ont indiqué avoir subi des violences. Dans cette ambiance électrique, le coordinateur d'Alger-Centre, qui a pris la parole devant un groupe d'enseignants, a évoqué des dizaines d'interpellations. En annonçant le rejet de l'offre de déléguer des représentants au Premier ministère, il a exigé la libération de toutes les personnes arrêtées. Une deuxième tentative d'organiser la marche a échoué, puisque les manifestants ont été rattrapés par les policiers. Face aux forces de l'ordre qui les bousculaient, une seule réponse des manifestants : "Silmiya, silmiya !" Des groupes d'enseignants, ayant mis à profit le relâchement du barrage dressé devant eux pour se faufiler dans les ruelles et les escaliers de La Casbah pour rejoindre le Palais du gouvernement, se sont, encore une fois, retrouvés bloqués. Au final, les enseignants interpellés et conduits aux commissariats d'Alger (3e arrondissement) et d'Hussein-Dey ont été relâchés. Selon leurs collègues, des bus ont été mis à leur disposition pour les déposer à la gare routière. Leurs principales revendications, rappelle-t-on, sont "la révision des méthodes et des programmes d'enseignement, l'application du décret exécutif 266/14 avec effet rétroactif, qui porte la classification des enseignants à la catégorie 12 de la grille des salaires de la fonction publique".