Des centaines de citoyens ont battu le pavé en scandant leur soif de liberté et leur désir de voir naître une Algérie nouvelle débarrassée de la îssaba. Les craintes nourries par certains d'une démobilisation du hirak à Oran en raison du risque du coronavirus, ont vite été balayées, hier à l'occasion de la 54e marche de la Révolution du sourire, qui a vu une importante participation des Oranais à cette première sortie de l'an II du hirak. Bien au contraire, cette crainte a été évacuée, ignorée avec une forte conviction et par la mobilisation des hirakistes. "Il n'y a pas de corona, il y a ceux qui nous ont volés", ont même répété les marcheurs en brandissant des pancartes appelant au départ du pouvoir. "Débarrassons-nous de la îssaba et bienvenue au corona", implorait une affiche avec cet humour caustique qui est désormais la marque des hirakistes algériens. Sous le regard de certains chouhada dont les portraits flottaient dans l'air (Ahmed Zabana, Soufi Zoubida, Ali La Pointe, Hamou Boutlélis), des centaines d'Oranais et de citoyens venus d'autres localités, telles que Mohammadia, dans la wilaya de Mascara, ont battu le pavé en scandant leur soif de liberté et leur désir de voir naître une Algérie nouvelle débarrassée de la îssaba et des symboles et figures d'un pouvoir finissant. "Avec le procès de Kamel el-bouchi, nous avons vu que le système installé depuis 1962 est toujours en place et que la justice est loin d'être indépendante", a estimé un manifestant tandis que des slogans exigeant le départ du ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, résonnaient dans la rue Larbi-Ben M'hidi. Sur une pancarte brandie tout au long de la marche, un manifestant a résumé l'idée que les contestataires se font de la justice : "La justice n'est pas une idée, mais des pratiques. Nous sommes sortis pour la libérer afin que le nanti et le pauvre soient égaux." Par ailleurs, une autre hirakiste portait un écriteau sur lequel elle affirmait : "Un pays ne peut pas être indépendant sans l'indépendance de la justice." "Ils ont pillé l'Algérie, le système doit tomber", pouvait-on encore entendre dans les rangs des manifestants, jeunes pour la plupart qui sortent tous les vendredis pour défendre leurs idéaux. Comme tous les vendredis, et avant de rejoindre la place du 1er-Novembre, les manifestants ont marqué une halte devant le siège de la wilaya, vu comme le symbole de la îssaba, pour un rassemblement durant lequel ils ont scandé les slogans chers au hirak et réitéré leur serment de poursuivre la lutte jusqu'à la victoire finale.