Des milliers de manifestants ont, de nouveau, battu le pavé pour le 46e vendredi consécutif de mobilisation pour réclamer le départ du régime en place et l'instauration d'un Etat de droit. Le 46e acte intervient au lendemain de la libération de 76 détenus d'opinion et l'annonce officielle de la composante du gouvernement. En effet, peu après la fin de la prière, les manifestants, qui se sont regroupés devant le palais de la culture Mohamed-Laïd-El-Khalifa, se félicitaient de la libération des "hirakistes" dont le moudjahid Lakhdar Bouregâa. "Nous sommes soulagés que nos frères soient libérés, nous continuons notre combat en attendant la libération de tous les autres dont Karim Tabbou et Fodil Boumala. Nous sommes, toutefois, déçus de cette justice qui vient de confirmer qu'elle obéit aux ordres d'en haut", lance Meriem, une jeune activiste. Les manifestants démarreront aussitôt en scandant des slogans hostiles au nouveau président Abdelmadjid Tebboune, devenu depuis son "élection" la cible de prédilection du hirak. Drapés dans l'emblème national et portant des pancartes, des banderoles et des affiches pour appuyer leurs revendications, les manifestants ont sillonné pendant plusieurs heures les principales artères de la ville pour récuser la composante du gouvernement annoncée avant-hier soir. "C'est un non-événement, c'est la montagne qui accouche d'une souris, ce nouveau gouvernement ne répond aucunement aux aspirations de la majorité des Algériens d'autant plus qu'il y a plusieurs ministres de l'ère Bouteflika, c'est comme tout changer pour ne rien changer, toujours le même régime avec de nouvelles têtes. Nous avons enfin réussi à briser le mur de la peur, nous avons osé affirmer tout haut que le peuple veut une nouvelle Algérie, et pour cela, nous continuerons notre combat tant que les revendications du soulèvement populaire du 22 février dernier ne seront pas satisfaites", dira Leïla, une hirakiste. "Le peuple veut l'indépendance", "Talbin, talbin el-houriya. Hna wled Amirouche, marche arrière manwalouch''. Ce sont les slogans que la population a repris avec force en ce 46e vendredi dans l'antique Cirta, en réaffirmant qu'ils ne sont pas près d'abdiquer. Les marcheurs ont également affiché un refus de l'offre de dialogue du nouveau président. Les manifestants ont dénoncé "une justice aux ordres" et exigé une justice indépendante reprenant en chœur "Libérez la justice''. Un dispositif sécuritaire dissuasif a été déployé au centre-ville où une trentaine de baltaguia a tenté d'interrompre la marche. Leur initiative a échoué face à des hirakistes pacifistes.