Le slogan "Etat civil et non militaire", ponctué par "Inch' Allah njibou l'hourya", a de nouveau résonné dans les rues du centre-ville d'Annaba, hier, lors de la 54e marche pacifique du vendredi. Une marche entamée après la prière du dohr et à laquelle ont participé des milliers de citoyens, dont un grand nombre de femmes drapées dans l'emblème national. Ceux-ci ont longuement battu le pavé autour du cours de la Révolution en brandissant des pancartes et en déployant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire les principales revendications du hirak, à savoir le départ de tous ceux qui représentent le système contesté, la restitution du pouvoir au peuple souverain, l'instauration d'une véritable démocratie et la libération inconditionnelle des détenus d'opinion. Vers 15h, des centaines de manifestants venus des quartiers du Pont-Blanc et de la Colonne et tout aussi déterminés ont rejoint la procession en entonnant l'hymne national, transformant rapidement le cortège initial en marée humaine, qui a fini par envahir l'immense place publique. Ce renfort, apparemment inattendu, a eu pour effet de revigorer le mouvement de protestation, qui a accueilli les nouveaux arrivants au son de pétards et de youyous stridents poussés par des manifestantes. À l'unisson, la foule compacte a clamé son hostilité au pouvoir en place aux cris de "Etat dirigé par des malfaiteurs, à bas le régime" et "Personne ne nous a forcés à venir, Tebboune ne nous représente pas". Collant à l'actualité et évoquant l'épidémie de coronavirus, certains d'entre les marcheurs ont observé une halte de plusieurs minutes devant le siège local du FLN fermé depuis des mois, pour conspuer le vieux parti aux cris de "Corona, FLN !".