Les manifestants ont rendu un vibrant hommage au militant politique Karim Tabbou, incarcéré depuis septembre et dont le procès se tient aujourd'hui. "Dawla madania, matchi âaskaria" (Etat civil et non militaire). Tout le long de l'itinéraire de leur marche hebdomadaire organisée hier à Alger, de la place des Martyrs jusqu'à la Fac centrale, les étudiants et les nombreux citoyens qui se sont joints à eux, histoire de grossir les rangs et de donner de la voix à la manifestation, n'ont pas cessé de scander ce slogan cher à Abane Ramdane ainsi qu'à Larbi Ben M'hidi, et remis à l'honneur par la révolution du sourire depuis un peu plus d'une année. Certes, les manifestants, comme tous les mardis, n'étaient jamais à court de mots d'ordre variés et bien inspirés, entonnés de toutes leurs forces, comme "Etudiants unis, étudiants conscients", "Silmiya, silmiya jusqu'à ce qu'on arrache la liberté", "Algérie libre et démocratique", "Changement radical du système", "Presse libre, justice indépendante", "Dieu Est Grand, Khalti Baya", "Bande, dégage", "Etudiants s'engagent, système dégage", "Non à la normalisation avec le système"... Mais c'est la revendication d'un "Etat civil et non militaire" qui a été la plus scandée comme si, quelque part, les manifestants avaient pris conscience que le destin de l'Algérie et la réalisation de toutes les autres aspirations dépendent de l'aboutissement de cette revendication première. En somme, la mère des batailles à gagner coûte que coûte. Les étudiants ont rendu également un vibrant hommage au militant politique Karim Tabbou, incarcéré depuis septembre et dont le procès se tient aujourd'hui. Plusieurs des ses portraits accompagnés de l'écriteau "Libérez Karim Tabbou" sont brandis par les manifestants. D'autres, ici et là, lançaient à tue-tête : "Allahou Akbar, Karim Tabbou." Le portrait du président du RAJ, Abdelouahab Fersaoui, emprisonné depuis le 10 octobre 2019, a été, lui aussi, arboré par la foule . "Libérez les détenus" ou encore "Liberté pour les prisonniers d'opinion", criait-on. Fidèle au hirak, l'infatigable Benyoucef Mellouk, l'homme qui a révélé les scandales des magistrats faussaires, était, lui aussi, présent au rendez-vous estudiantin d'hier en brandissant une pancarte où sont collés de nombreux articles de presse. C'est vers 13h que la manifestation prend fin, après les propos de deux étudiants et la reprise de l'hymne national par les manifestants. Côté sécurité, il faut dire que la manifestation s'est déroulée dans le calme quoique les policiers, présents en grand nombre, aient quadrillé tout l'itinéraire de la marche, ne laissant aux étudiants aucune possibilité de le contourner.