Les manifestants ont longuement débité le fameux slogan "Etat civil et non militaire" cher à Abane Ramdane et à Ben M'hidi. L'ombre du militant politique Karim Tabbou a pesé de tout son poids sur le 55e vendredi du hirak. Deux jours après son retentissant procès au tribunal de Sidi M'hamed (Alger), après six mois de prison, l'enfant d'Aït Bouaddou a eu droit à un vibrant hommage des foules qui, tout au long de la marche d'hier, n'ont cessé de scander son nom. Ce 55e acte des marches du vendredi était certainement une façon pour les Algérois d'honorer son engagement pour le hirak. À 13h déjà, à Alger-Centre, un groupe de manifestants s'est formé en brandissant les portraits de Hocine Aït Ahmed et de Karim Tabbou, tout en scandant le fameux slogan "Etat civil et non militaire" ou encore "Dieu Est Grand, Karim Tabbou". Vers 13h30 sur la rue Didouche-Mourad, un bon nombre de hirakistes se sont rassemblés en animant une folle ambiance. Là encore, le disciple de Hocine Aït Ahmed est littéralement porté aux nues, aux cris de : "Où es-tu justice ? Karim Tabbou fait un tabac." Mieux, ses portraits, portant parfois le mot d'ordre "Libérez Karim", ont été brandis par des jeunes, des vieux et des femmes. Même les emblèmes amazighs ont été déployés et des manifestants entonnent les fameux "Nous sommes restés des Imazighen" et "Imazighen, on rompt, mais on ne plie pas". Comme lors des précédentes marches, la femme de Karim Tabbou et son fils, porté par un manifestant sur ses épaules, sont au rendez-vous. Ils étaient entourés par l'avocat Mustapha Bouchachi, les activistes et ex-détenus d'opinion Belarbi et Fodil Boumala, ainsi que par des fidèles de l'ancien président de l'UDS. Là encore les slogans "Allahou Akkbar, Karim Tabbou" et "Karim Tabbou, système à genoux" ont fusé. Juste derrière eux, le président du RCD, Mohcine Belabbas, accompagné de sa femme et de ses lieutenants, ont formé un carré. "Souveraineté populaire, période de transition", "Remettez le pouvoir au peuple", criaient-ils. Outre l'hommage rendu à Karim Tabbou, les manifestants ont longuement débité le fameux slogan "Etat civil et non militaire" cher à Abane Ramdane et Ben M'hidi, mais aussi "Système dégage, Etat voyou". D'autres manifestants, comme pour conjurer les démons de la division, ont brandi des pancartes où l'on pouvait lire : "Nous sommes différents idéologiquement, mais unis contre le système", ou encore : "L'unité du peuple se renforce, elle met à nu vos manigances et elle fera tomber votre passage en force."