C'est une marée humaine aussi grandiose que déterminée qui a déferlé pour un 48e vendredi consécutif sur les rues de la ville de Tizi Ouzou pour rejeter en bloc, comme à l'accoutumée, tout ce qui a été politiquement entrepris durant la semaine par le pouvoir auquel le peuple continue de demander une seule chose, à savoir son départ pour ouvrir la voie à une véritable transition démocratique. C'est, sans surprise aucune, au plus important chantier lancé par Tebboune, à savoir la révision de la Constitution, que la grandiose foule, qui a entamé sa marche de l'université de Tizi Ouzou à 13h30, s'est attaquée le plus dans les banderoles et pancartes brandies. "M. Tebboune : la Constitution ne se décrète pas par des oligarques bricoleurs d'un pouvoir illégitime, elle doit plutôt être l'émanation de ce noble peuple", lit-on sur une large pancarte hissée en tête d'un imposant carré de manifestants. Sur une banderole déployée de bout en bout du large boulevard Abane-Ramdane, on pouvait lire un autre message qui illustre assez clairement ce que pense la rue du projet de Tebboune. "7 et 8 : le pouvoir au peuple ! C'est cela la loi et c'est cela la Constitution", lit-on noir sur blanc sur ce large tissu. "Non à une Constitution cocotte minute !", "Laissez-nous décider du sort de notre Algérie", "Ce que nous voulons c'est une transition démocratique", lit-on sur plusieurs autres pancartes brandies sur tout l'itinéraire de la marche où il était aussi difficile que les autres vendredis d'avancer d'un pas, y compris sur les trottoirs qui ont été envahis par les manifestants qui scandaient par endroits "Noukni nennad atsrouhem" (Nous on a dit que vous allez partir), par d'autres : "Abane Ramdane khella chiâar makache aâlih hedra, madania matchi âaskaria". Abane a laissé un slogan indiscutable : "Etat civil et non militaire". Certains manifestants ont fait le choix de s'adresser plutôt aux acteurs politiques ayant fait le choix d'accepter de rencontrer Tebboune. "Aux partis qui s'agitent autour du pouvoir, le hirak n'est pas en panne de représentativité", lit-on sur l'une d'entre elles. D'autres ont préféré aborder d'autres questions posées sur la scène politique. "Non au dialogue", "Non à la répression des libertés démocratiques", "Libérez les médias", "Pour une indépendance de la justice", "Faites vos valises et cédez le pouvoir", "Paradoxe du système : vocabulaire riche, pauvreté des actions. Appel au dialogue : arrestations ciblées", "Aux prêcheurs de haine, aux racistes et à tous ceux qui sèment la division : l'unité du peuple est scellée", sont entre autres messages écrits sur du papier ou sur du tissu. Comme ce fut le 27 décembre dernier pour Abane Ramdane et le 3 janvier pour Mohamed Khider, la marée humaine qui a investi la rue, hier, à Tizi Ouzou, a rendu un vibrant hommage à une autre figure de la Révolution, Didouche Mourad dont des centaines, voire des milliers de ses portraits ont été brandis à l'occasion de sa mort au combat à 27 ans. Des centaines d'autres pancartes réclamaient encore la libération des détenus d'opinion qui croupissent encore en prison, tels que Karim Tabbou, Fodil Boumala et Samir Belarbi.