Plusieurs actions de solidarité ont été organisées ces derniers jours par la société civile, en soutien aux "détenus d'opinion", condamnés par la justice marocaine, dans le sillage du vaste mouvement de contestation Hirak qui a secoué le Maroc en 2016. Le leader de la contestation marocaine, Nasser Zefzafi, une des figures de proue du Hirak rifain en 2016, entame aujourd'hui son 28e jour de grève de la faim en prison, avec Nabil Ahamjik, également incarcéré pour son opposition au pouvoir marocain. Lors d'une conférence de presse vendredi soir, Ahmed Zefzafi, le père de Nasser, a alerté sur l'"aggravation" et la "détérioration" de l'état de santé de son fils, après avoir entamé une grève de la faim depuis 25 jours. "Nous sommes choqués par l'intransigeance des autorités face aux détenus", a-t-il pesté lors de cette conférence, relayée par une partie de la presse marocaine. Selon ces médias, Ahmed Zefzafi a ajouté que son fils "poursuit sa grève de la faim dans des conditions déplorables, avec son collègue Nabil Ahmjik", un autre détenu qui "subit le même traitement humiliant" dans la prison de Ras Elma, à Fès. Cinq autres activistes du Hirak, détenus dans la même prison, ont décidé d'entamer à leur tour une grève de la faim, en protestation contre la direction pénitentiaire, accusée de "maltraitance". D'après les mêmes médias, ils ont "plusieurs fois exigé de la direction l'amélioration des conditions de leur détention", avant de se décider à entamer en dernier recours cette action radicale. Actif, et à la tête d'une association pour la libération des détenus "d'opinion", le père de Nasser Zefzafi a fait savoir en outre, dans une vidéo postée sur sa page facebook, que son fils et les autres activistes "restent déterminés à poursuivre leur action jusqu'à ce que leurs revendications soient satisfaites (…) même si cela peut leur coûter la vie", a-t-il dit. Il a indiqué en outre que son fils avait beaucoup maigri et a perdu "16 kilogrammes de son poids", appelant à une intervention urgente des autorités pour améliorer les conditions de détention des leaders et activistes du mouvement de protestation du Rif. Présent aux côtés d'Ahmed Zefzafi lors de sa conférence, le journaliste Omar Radi a fustigé les autorités du pays qu'il accuse de "détentions politiques", soulignant la nécessité de se mobiliser pour exiger "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers d'opinion au Maroc". En solidarité avec Nasser Zefzafi et Nabil Ahamjik, les familles des détenus du Hirak et plusieurs activistes marocains ont observé la semaine dernière une grève de la faim de 48 heures, selon l'association Thafra pour la loyauté et la solidarité avec les détenus du Hirak. La structure associative a expliqué sur sa page facebook que cette action survient alors que "les détenus luttent pour leurs droits fondamentaux, à savoir mettre fin aux restrictions sur le droit de visite en prison, avoir accès aux soins de santé et mettre fin aux maltraitances qu'ils subissent". Plusieurs actions de solidarité ont été par ailleurs organisées vendredi et samedi derniers pour appeler à la libération sans conditions de tous les détenus d'opinion. Accusé d'"atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat" et de "trahison", le leader Nasser Zefzafi a été arrêté par la police marocaine en 2017 et condamné à 20 ans de prison. Il est considéré comme l'une des figures les plus actives du vaste mouvement populaire du Rif qui a ébranlé pendant plusieurs mois le pouvoir central. Le roi du Maroc, Mohammed VI, a accordé, en 2018, sa grâce à 188 personnes appartenant au mouvement de protestation populaire Hirak, ayant été condamnées mais plusieurs dirigeants du mouvement de la contestation, à leur tête Nasser Zefzafi, avait refusé cette grâce, en estimant que sa détention était politique.