À l'instar de toutes les villes d'Algérie, Oran devra vivre dorénavant au ralenti conformément aux "directives des autorités supérieures du pays". Dans un communiqué de la wilaya, rendu public dimanche, il est ainsi porté à la connaissance de la population locale que "pour préserver la santé et la sécurité des citoyens contre le risque d'infection par le Covid-19", il est désormais interdit, depuis hier lundi 16 mars, toute activité à caractère public "en tant que première mesure préventive". Cette procédure devra théoriquement inclure, selon la même source, les manifestations liées au divertissement, les cinémas, les jardins publics, prisés notamment lors des vacances scolaires, les bains maures, ainsi que les manifestations culturelles, les conférences scientifiques, les expositions commerciales, les salles des fêtes, les crèches et autres jardins d'enfants et les cours de soutien aux élèves. Les autorités locales avaient déjà anticipé sur les événements depuis samedi dernier en annulant toutes les activités protocolaires, dont la visite du ministre délégué aux start-up. Dans une intervention sur la radio locale, le directeur du commerce de la wilaya d'Oran a confirmé ces informations, expliquant également que les salons de thé et cafés à chicha et les boîtes de nuit sont concernés par ces décisions, appelant les citoyens à plus de responsabilité individuelle et à une prise de conscience collective pour éviter la propagation du coronavirus. Quant au volet de la restauration, aucune décision officielle n'a encore été prise, alors que pour les boulangeries les interrogations se posent toujours sur la propreté des revendeurs qui ne respectent pas pour certains le b.a-ba de l'hygiène et où l'échange des pièces de monnaie et des billets de banque est courant. Pourtant, force est de constater que la conscience n'est pas encore au rendez-vous, puisque des pratiques à risque sont encore constatées à Oran, particulièrement au niveau des marchés populaires, à l'instar du fameux M'dina J'dida. La promiscuité, le non-respect de l'espace vital et des consignes émises, la course au ravitaillement, les marges prohibitives sur certains produits font d'ores et déjà craindre le pire. D'un autre côté, certains réflexes commencent à fleurir, comme le port de plus en plus remarqué de la bavette et de gants chirurgicaux chez beaucoup de citoyens et la disponibilité du gel hydroalcoolique dans certains commerces. Les gens prennent aussi de plus en plus conscience de la gravité de la situation et l'on se dirige tout droit vers la suspension des marches de contestation, revendiquée par de nombreux hirakistes, alors que la température de vendredi prochain devra certainement être donnée aujourd'hui avec le mardi estudiantin. Si ces mesures de prévention sont les bienvenues, certains se demandent comment le gouvernement a permis la poursuite des vols en provenance de pays fortement impactés par le Covid-19, notamment la France, l'Italie et l'Espagne. "Même si la décision de suspendre certains vols et d'en réduire d'autres a été prise pour aujourd'hui, le mal est déjà fait en permettant ces trois derniers jours à des dizaines de vols venant de pays à risque d'atterrir sans prendre les mesures de quarantaine", a regretté Mohamed, enseignant universitaire à Oran 2.