Les deux techniciens sont d'accord pour dire que la reprise de la compétition ne peut se faire avant une durée minimale de 10 à 15 jours, qui sera consacrée aux stages de préparation, afin de permettre aux joueurs d'être prêts et surtout pour éviter les risques de blessures. Dans son édition de jeudi, Liberté avait lancé le débat sur la meilleure manière d'établir un calendrier de reprise des championnats des Ligues 1 et 2 (et le reste des paliers) dans le cas où l'épidémie venait à être jugulée d'ici au mois d'avril, sans mettre en danger la santé des joueurs. Nous révélions que la Ligue de football professionnel comptait solliciter les entraîneurs et les médecins afin de rassembler des propositions concrètes sur les meilleures conditions d'une reprise de la compétition. C'est sur la base des recommandations des médecins et des entraîneurs que la LFP pourra établir un programme de fin de saison. C'est l'avis, du reste, de l'ex-directeur technique national et actuel directeur sportif du CR Belouizdad, Toufik Korichi. "Il est clair que dans une conjoncture aussi difficile qui implique surtout la santé des joueurs, il est important et impératif que les instances de football privilégient le maximum de concertation pour arriver à des solutions viables dans le cas d'une reprise du championnat et surtout dans le cas où la propagation du virus venait à diminuer ou à être jugulée, ce qui n'est malheusement pas le cas pour le moment", confie Korichi à Liberté. Et d'ajouter : "Il faut savoir que le fait que le MJS a décidé la suspension des compétitions et des entraînements pour les sportifs jusqu'au 5 avril, cela ne veut pas dire que les athlètes peuvent reprendre la compétition à partir de cette date. C'est insensé de le penser. Les programmes d'entraînements individuels tracés par les entraîneurs des équipes ne peuvent en aucun cas remplacer la préparation collective. Ces entraînements individuels servent juste à maintenir la forme physique des joueurs, censés avoir déjà des acquis du fait de leur préparation tout au long de la saison. Si nous avons le feu vert du MJS de reprendre à partir du 5 avril, il faudra prévoir au moins deux semaines de préparation pour les équipes avant qu'elles ne puissent reprendre la compétition. Je pense que deux semaines à 20 jours, c'est suffisant, car notre championnat n'est pas intense comme c'est le cas en Europe. Dans ce cas, la compétition pourrait débuter au mois de mai. Comme nous n'avons que 9 journées à disputer, nous pouvons espérer finir le championnat au mois de juin." Cependant, si la suspension des entraînements venait à être prolongée encore, "il va falloir jouer tout le mois de juin et éventuellement en juillet. Et plus la reprise des entraînement est reportée, plus la reprise des compétitions sera difficile", précise Korichi. L'entraîneur de l'USMBA, Abdelkader Yaïche, abonde dans le même sens et affirme qu'un délai minimal de 10 jours est nécessaire avant la reprise de la compétition. "Il est tout à fait clair que les joueurs ne peuvent pas reprendre le championnat à partir du 5 avril, même si le MJS venait à permettre la reprise des activités sportives. Il faudra compter au minimum 10 jours de travail collectif pour y voir plus clair. Il faut savoir que même si nous avons tracé des programmes d'entraînements individuels, je suis sûr que les joueurs les plus assidus ne réaliseront que 50% de ce programme, d'autant plus qu'avec la fermeture des enceintes sportives, il est difficile de réaliser tout le programme établi. De toutes les façons, ces entraînements individuels ne remplaceront jamais les séances collectives où les entraîneurs ont le contrôle sur tout. À partir de là, il appartiendra aux entraîneurs et aux préparateurs physiques de s'adapter à la situation en fonction de la forme et du niveau de préparation de chaque joueur pour confectionner le plan de reprise des entraînements collectifs. Il faudra aller crescendo et surtout faire attention à ne pas brûler les étapes", souligne Yaïche. Et d'ajouter : "En revanche, ce qui m'inquiète le plus, c'est le risque des blessures. Trois semaines d'arrêt de compétition, c'est déjà trop. Vous savez que pour un jour d'entraînement raté, il va falloir trois ou quatre jours de travail pour le compenser. Faites vos calculs pour trois semaines. C'est pour cela que je dis qu'il faut être vigilant et bien réfléchir avant d'établir tout programme de reprise de la compétition. La santé des joueurs doit à mon avis primer avant toute considération. Un joueur qui reste inactif pendant longtemps a cette impression qu'il est prêt à se donner à fond, mais c'est une impression qui engendre dans la majorité des cas des blessures." Cependant, il y a aussi l'hypothèse que le MJS prolonge le délai si la crise sanitaire venait à perdurer. Dans ce cas, décréter l'année blanche serait inévitable, car les joueurs ne peuvent pas rester inactifs pour une longue période et les astreindre soudainement à une reprise de la compétition.