-Vous avez été nommé sélectionneur national début septembre dernier. Quel bilan faites-vous de vos sept premiers mois passés à la tête de l'équipe ? Jusqu'à présent, on a effectué six stages en comptabilisant 191 heures de travail. Parmi les six regroupements réalisés, deux se sont déroulés à l'étranger. L'un en Pologne et l'autre en Italie avec, à la clé, huit matches de bon niveau. Ces stages nous ont surtout permis d'évaluer l'effectif et de sélectionner un quatorze qui va faire la campagne du championnat d'Afrique en septembre prochain, qui reste l'objectif principal de l'équipe nationale. -Lors de votre prise en main de la sélection, vous avez déclaré que le Championnat arabe des nations allait être une étape importante dans la préparation de l'équipe. Finalement, l'Algérie n'a pas pris part à cette compétition. Pourquoi ? Le championnat arabe était prévu, au départ, en décembre 2012, mais finalement il a été avancé d'un mois. Donc, c'était impossible pour nous de partir à l'aventure, car il était inconcevable de prendre part à cette compétition sans préparation, d'autant plus que les joueurs étaient inactifs pendant plus 50 jours. J'aurais vraiment voulu que mon équipe participe à cette compétition, malheureusement les circonstances ont fait que cela est devenu impossible. Donc, notre absence est due à un problème de planning, mais il faut relever que d'autres équipes aussi comme l'Egypte ou le Qatar n'ont pas pris part, comme nous, à ce championnat. -Rater ce genre de compétition est forcément préjudiciable, surtout qu'il n'y a pas beaucoup des matches de préparation au menu des Verts… On va essayer de terminer la saison vers le 17 ou le 18 mai afin de permettre à l'équipe nationale d'entamer sa préparation. J'avais déclaré qu'il nous fallait 30 matches pour préparer le rendez-vous africain, prévu en septembre dans un pays qui reste à désigner. Jusque-là, on n'a joué que huit rencontres. Je suis encore à la recherche de 20 matches. J'insiste, par ailleurs, pour participer aux Jeux méditerranéens parce que cette compétition nous donnera la possibilité de jouer cinq matches de haut niveau. Nous avons également été invités, lundi dernier, à un tournoi au Qatar qui aura lieu au mois de Ramadhan. C'est une bonne chose, surtout que ce n'est pas facile de faire de la compétition lors de ce mois. Je suis également en contact avec des managers en Pologne et en Italie pour qu'ils essayent de nous dénicher des tournois avant le Championnat d'Afrique. -Il est aujourd'hui clair qu'il y a un constat de recul au niveau des résultats de l'équipe nationale depuis quelques années. Cela est dû à quoi, selon-vous ? Le dernier championnat d'Afrique remporté par l'Algérie remonte à 1993, du temps où j'étais encore joueur. Cela fait huit ou neuf ans, il y avait une belle génération de joueurs parmi elles, Hicham Guemmadi. Malheureusement, on n'a pas su profiter de cette opportunité et de cette période pour dominer l'Afrique. L'autre constat que j'ai pu faire, c'est que nous accusons beaucoup de retard. Pour avoir une bonne équipe nationale, il faut avoir un bon championnat. Ce n'est pas le cas aujourd'hui, même si cette saison, on a l'impression qu'on a un championnat plus équilibré quoiqu'il reste très moyen. -Ne croyez-vous pas que les joueurs actuels ne travaillent pas assez par rapport à l'ancienne génération, dont vous faisiez partie ? Oui, c'est sûr. C'est pour cette raison que j'avais déclaré, en Italie, qu'il était préférable d'attendre que le championnat se termine afin de reprendre la préparation de l'équipe en charge. Je ne désigne pas tous les clubs, mais certains parmi eux ne jouent pas le jeu. Quand ces derniers ne font que cinq heures d'entraînement par semaine, alors qu'on effectue le même volume horaire de travail chaque jour, en équipe nationale, je me dis qu'il y a un problème quelque part. Les joueurs doivent faire au minimum 20 heures par semaine. Que peut-on vraiment attendre des joueurs qui n'en font que cinq par semaine ? Cela ressemble plus à de l'animation que du sport de performance. -C'est peut-être ce qui explique votre déclaration lorsque vous avez affirmé que vous étiez prêt à faire appel à un joueur de 30 ans et plus, s'il est performant… Tout à fait. Je le dis et redis, s'il y a des joueurs d'expérience qui peuvent m'apporter un plus, lors du championnat d'Afrique, je les prendrais sans hésiter. Actuellement, au niveau de la sélection, j'ai un problème de centraux. Dans le championnat, on remarque de plus en plus la présence de joueurs africains. Cela veut dire qu'au niveau des clubs, ça ne travaille pas. Il n'y a plus de promotion de jeunes joueurs. En équipe nationale, je peux affirmer que j'ai un bon effectif, même si j'ai un problème au milieu. Peut-être que je vais faire appel à un ancien joueur avec lequel j'ai joué à Blida, lorsqu'il était jeune. Actuellement, il évolue en France. Il s'appelle Riad Amrane et joue au club de CA Brive, dans le championnat 1 B. Je me suis informé sur lui. C'est un joueur d'expérience. Il peut nous être utile. -Apparemment, vous n'avez pas la même chance que les footballeurs qui, eux, peuvent ramener des joueurs formés en France… Ce n'est pas le cas. J'ai fait des recherches, malheureusement, on n'a pas trouvé. On doit faire avec. -Le MJS a exigé de l'ensemble des fédérations de fixer des objectifs avant chaque compétition internationale. Selon-vous, le volley-ball algérien sera présent ou non aux Jeux méditerranéens de Turquie ? En tant qu'entraîneur national, j'insiste pour que le volley algérien participe aux Jeux méditerranéens. Et là, je ne parle pas que du volley-ball, mais aussi de tous les sports co. Cette compétition est très importante pour nous, car elle permet de décomplexer les joueurs, surtout qu'il ne faut pas oublier que cela fait 2 à 4 ans que l'équipe nationale ne joue plus de matches de haut niveau. Je conçois que le MJS exige des résultats, mais il faudra pour cela un travail d'au moins une année et aussi des moyens et un contrôle. Pour nous, les Jeux méditerranéens, c'est une compétition intermédiaire afin de préparer le championnat d'Afrique de volley-ball. Maintenant si on ne veut pas qu'on participe à cette compétition, l'équipe nationale sera dans l'obligation de trouver des sparring-partners au cours de la même période en Europe. Et cela va coûter plus cher à notre fédération, alors qu'avec les JM, on est sûr de faire cinq à six matches de haut niveau. Concernant la participation aux compétitions internationales, je me rappelle que l'Algérie se déplaçait avec des délégations importantes. Aujourd'hui, notre présence se compte sur les doigts d'une seule main. On a pu le vérifier lors des derniers JO de Londres. L'équipe féminine de volley-ball était la seule équipe présente aux jeux, sinon les sports collectifs ne sont plus au rendez-vous des grandes manifestations. -Vous avez été promu entraîneur par l'ex-président Mustapha Lemmouchi. Aujourd'hui, c'est Okba Gougam qui est à la tête de la fédération. Cela ne vous gêne pas, sachant que vous avez signé un contrat d'un an renouvelable avec la FAVB ? C'est vrai que j'ai signé mon contrat avec l'ancien président Mustapha Lemmouchi et aujourd'hui, c'est Okba Gougam qui préside aux destinées de la FAVB, mais je pense que l'objectif est le même pour l'ancien comme pour le nouveau président. Car le plus important, c'est de travailler pour l'équipe nationale et essayer d'atteindre l'objectif de devenir champion d'Afrique. Donc, pour moi, il n'y a aucun problème du moment que je ne travaille pas avec les personnes, mais plutôt pour la fédération et l'équipe nationale. -Vous avez été chargé, lors de votre prise en main de l'équipe, d'aller chercher le trophée africain. Pensez-vous aujourd'hui que vos joueurs sont capables de concrétiser cet objectif ? Décrocher le trophée africain, c'est un défi difficile devant la Tunisie et l'Egypte qui ont pris de l'avance sur nous, mais j'y crois. En dépit de la défaillance au niveau des centraux et le manque d'expérience de certains éléments, j'estime que nous avons un effectif très intéressant, qui n'a rien à envier aux Tunisiens et aux Egyptiens. Maintenant, il reste le travail. Les joueurs ont parfois tendance à faire dans l'autosuffisance, en visant juste le podium. On espère pouvoir inculquer la culture de la gagne aux joueurs et tenter de viser la première place et pas la deuxième ou la troisième. J'espère pour cela pouvoir concrétiser notre programme à 80%. Je vais discuter ces jours-ci avec le président dans ce sens pour voir si on peut exécuter notre programme jusqu'au championnat d'Afrique de volley-ball au mois de septembre. Mais pour l'heure, je peux dire que je suis satisfait du travail accompli par les joueurs jusque-là.