Un début de semaine aux allures de jour férié. Telle était la capitale, hier, premier jour de l'entrée en vigueur des mesures prises par le président de la République. De Ben Aknoun à Alger-Centre en passant par El-Biar, c'est le même spectacle qui s'offrait aux yeux : des quartiers presque déserts. Hormis, quelques magasins d'alimentation, des supérettes et les pharmacies, les commerces, dans leur quasi-majorité, avaient baissé rideau. Les rues n'étaient, certes, pas vides, mais la circulation était très fluide et les quelques Algérois qui se sont aventurés dans les rues portaient, pour nombre d'entre eux, des bavettes et des gants. À Ben Aknoun, les magasins ouverts dans cette localité pouvaient être comptés sur les doigts d'une main. La station de bus, qui d'habitude grouille de monde, a, ce dimanche, changé d'allure ; il n'y avait plus personne. La mesure consistant à interdire le transport semble être appliquée à la lettre. Une situation qui n'agrée pas tout le monde. Bras en l'air, essayant d'arrêter un taxi, un quinquagénaire déplore le manque de transport. "Je ne suis pas contre l'arrêt du transport. Mais que je sois obligé de prendre un taxi pour aller travailler et ensuite un autre pour rentrer chez moi. C'est du n'importe quoi". Remonté contre cette situation, il ajoute : "Puisqu'on arrête le transport qu'on nous laisse tous à la maison." À El-Biar, les quelques passants rencontrés faisaient leurs courses quotidiennes chez les boulangers et épiciers du quartier, toujours ouverts. "D'habitude, je travaille beaucoup avec les gens de passage. Aujourd'hui, il y a moins de monde. C'est plutôt les habitués du quartier qui viennent", nous explique un gérant de supérette ajoutant que "c'est un mal pour un bien si cela permet de freiner la propagation du virus". Alger-Centre, les cafés de la Grande-Poste, des rues Ben M'hidi et Didouche-Mourad ont baissé rideau. Le centre-ville a perdu tout son attrait avec la fermeture des nombreux salons et restaurants qui l'animent. Au niveau du square Port-Saïd, les quelques cambistes qui continuaient à proposer leurs services ne trouvaient pas preneurs. Trop de cambistes pour pratiquement pas de clients. Même le très bouillonnant quartier Belouizdad (ex-Belcourt) s'est mis en "mode veille". Les rues sont presque désertées par les citoyens. La succession de rideaux de magasins baissés tranchait avec les traditionnels chahuts auxquels sont habitués les gens. Il faut dire qu'Alger était, hier, coupée de sa banlieue, les moyens de transport étant tous à l'arrêt. C'est le cas du métro, du tramway et des dessertes de trains. Les arrêts de bus du 2-Mai et de la place du 1er-Mai étaient vides. Mieux encore, la gare routière du Caroubier a pratiquement fermé. Jusqu'à ces derniers jours, les citoyens voyageaient, se rassemblaient et ne prenaient pas au sérieux les alertes des spécialistes. Ce qui fait craindre une catastrophe sanitaire pour le pays. Certes, le confinement n'est pas obligatoire. Mais l'image que donnait, hier, Alger pousse à penser que les Algérois ont pris conscience de la gravité de la situation. Avec le nombre de cas contaminés par le coronavirus qui ne cesse de grimper et le déclenchement du stade 3 de la lutte contre la pandémie, annoncé hier, par le ministre de la Santé, le scénario du confinement total n'est, peut-être, pas à écarter.