Résumé : Samira avait décidé de n'avoir aucun secret pour lui. Elle avait conscience qu'en lui disant tout elle mettait leur relation à l'épreuve. Si elle avait accepté sa destinée et le fait de ne plus avoir d'enfant, elle ne pouvait pas priver Houari de ce bonheur. Elle ne veut pas qu'il lui reproche un jour d'avoir omis de lui dire la vérité. S'ils doivent se séparer, autant qu'ils le fassent maintenant. La vie l'avait assez éprouvée. Samira ne veut pas se marier et divorcer. Mais Houari ne l'entend pas de cette oreille. Il voit les choses autrement, à sa grande joie… - Ecoute, je préfère y aller tout de suite, dit-elle. Rahima veut que je passe la voir demain, mais je sens que c'est important. Je vais me rendre chez elle. - Je t'emmène chez elle, propose-t-il, en se levant en même temps qu'elle. Je vais régler nos consommations et on y va. Samira appelle son amie. Celle-ci semble gênée. Des bruits lui parviennent dans le fond. - Je voulais passer te voir, lui dit-elle. Mais apparemment tu n'es pas seule. - Oui, je t'avais bien écrit "demain". Là, j'ai du monde à la maison. On se verra demain. - Inchallah. Mais tu… tu me sembles étrange. Quelque chose ne va pas ? Tu m'inquiètes. - Non, non… Je dois raccrocher. À demain, inchallah. Samira n'a pas le temps de dire un mot que son amie a déjà raccroché. La déception se lit sur son visage. Quand Houari revient vers elle, il le voit tout de suite. - Qu'y a-t-il ? - Je ne sais pas. Je l'ai appelée pour la prévenir que j'allais passer maintenant, mais elle ne voulait pas, répond Samira, en le suivant hors du salon. Je sais qu'elle n'était pas à l'aise, qu'il y avait du monde autour d'elle… Demain matin j'irai la voir. - Si c'était une urgence, elle te l'aurait dit ou elle aurait même accepté de te recevoir quelques minutes. Allez, souris. - C'est difficile, murmure-t-elle. J'ai comme un mauvais pressentiment. - Tu te fais des histoires pour rien. Je te raccompagne chez toi ? propose-t-il, mais elle refuse. - C'est gentil, mais je ne veux pas que le propriétaire ou sa femme me voit accompagnée d'un homme. Tu sais, je ne reçois presque jamais de visiteurs. Juste Rahima, et c'est très rare. Je ne veux pas avoir de problèmes. Dès le départ ils ont été très clairs sur ce point. Pas de va-et-vient. - Mais moi, je ne suis pas n'importe qui, s'écrie Houari. Je vais être ton mari. Il faudra bien qu'ils s'habituent à ma présence. - Ecoute, j'ai rencontré toutes sortes de difficultés pour trouver un logement à louer. Tous refusaient de louer à une jeune femme. C'est le seul qui a bien voulu me donner une chance. J'avais accepté toutes ces conditions. Il voulait que je sois irréprochable et je l'ai été jusqu'à aujourd'hui. Je ne veux pas de problèmes maintenant. J'ai besoin d'avoir où vivre et où accueillir ma fille. - Mais nous allons nous marier, ma belle, lui rappelle-t-il. Nous emménagerons ailleurs, dans un appartement spacieux. La petite aura sa chambre. - Elle a un prénom, lui rappelle Samira. Radia… - Est-ce toi qui l'as choisi ? lui demande-t-il. La jeune femme secoue la tête. - Non, répond-elle. Je lui en avais choisi un autre : Farah. Je lui souhaitais d'être heureuse dans la vie. Mais je vois que la vie l'a privée deux fois de ses mères. J'espère seulement que cette fois je pourrais me rattraper et être sa mère, pour de vrai. - Il n'y a pas de raison pour que cela ne se fasse pas, dit Houari, qui se veut rassurant. On doit réfléchir à tout ça et ne plus perdre de temps. - Oui. Si tu veux, on en parle ce soir, propose-t-elle. Là, je vais rentrer. Je me sens lasse. J'ai besoin d'être un peu seule. Houari fait mine de se fâcher. - Il faudra que tu perdes cette habitude. Nous serons bientôt réunis, pour le meilleur et pour le pire. Avec Farah… Il réussit à lui arracher un sourire avant qu'ils ne se séparent. Samira rentre chez elle, plus triste que jamais…
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