Le maître du malouf constantinois, Kaddour Darsouni, s'est éteint, hier, dans sa ville natale, à l'âge de 93 ans. Il rejoint ainsi l'autre icone de ce genre musical, El Hadj Mohamed Tahar Fergani, décédé en décembre 2016. De son vrai nom Mohamed Darsouni, il est décrit comme étant le continuateur de la tradition et le gardien de l'authenticité du malouf de par ses nombreux travaux dédiés à la préservation de ce patrimoine musical arabo-andalou. Fin pédagogue et formateur incontournable de l'école constantinoise, Darsouni a initié aux rudiments de cet art, des générations entières de musiciens et d'interprètes. Dès sa tendre enfance, il caressa le rêve de rejoindre l'association musicale Mouhibi El Fen de Si Tahar Amouchi et est encouragé pour ce faire, par son oncle Si Tahar Benkartoussa, également maître du malouf. Son apprentissage qui se poursuivra au sein du groupe El Chabab El Fenni lui permettra dès le début des années 1940 de parfaire son art en côtoyant les maîtres incontestés de l'époque à l'instar de Khodja Bendjeloul et des musiciens Larbi Benlebdjaoui, Sid-Ali Bouyemout, Mohamed Serdouk et Mustapha Bachkhaznadji. Sa première consécration interviendra en 1947 lorsqu'il passe pour la première fois à la radio en qualité de luthiste et de chanteur en compagnie d'autres ténors, Kara Baghli dit Baba Abeid, Maâmar Berrachi, Brahim Amouchi et Abdelkader Toumi. Dès lors, il fut régulièrement sollicité par les orchestres de Hamou Fergani et de Reymond Leiris et se perfectionnera davantage aux côtés de Mohamed Larbi Belamri. En 1964, il participe dans la commission de réflexion chargée de dresser un état des lieux de la situation de la musique classique algérienne aux travaux du premier colloque national sur la musique algérienne. Officiant à la formation de jeunes musiciens et interprètes au sein de l'association El Moustakbal El Fenni El Kassantini, il obtient en 1967 la médaille d'or au festival de musique arabo-andalouse et participera activement à la publication en trois tomes de "El Mouwachahat wa zadjal" avec H'ssouna Ali Khodja, Abdelkader Toumi et Maâmar Berrachi. On lui doit aussi la publication d'un recueil des poèmes de la musique andalouse malouf de Constantine.