Le président russe Vladimir Poutine a été forcé de confesser son sentiment de “culpabilité”, de promettre la “vérité” et de relancer l'enquête sur la prise d'otages de Beslan, lors des cérémonies du premier anniversaire de la prise d'otages la plus meurtrière de l'Histoire. Trois jours durant, du 1er septembre, 9h05, au 3 septembre, 13h05 — heure du dénouement du drame — les habitants de la petite ville d'Ossétie du Nord, dans le Caucase russe, n'ont visité que deux endroits : les ruines de l'école n°1 et les cimetières où sont enterrées les 331 victimes, dont 186 enfants. Anciens otages, familles, voisins sont venus par milliers déposer des fleurs et se recueillir dans une école drapée de rouge ainsi qu'au cimetière de Beslan où la voix grave d'un homme a égrené les noms et prénoms des 331 disparus. Instituée “Journée de la solidarité avec les victimes du terrorisme”, le 3 septembre a été commémoré dans plusieurs villes de Russie, notamment à Moscou où un rassemblement silencieux des jeunesses poutiniennes Nach a eu lieu. Critiqué violemment depuis des mois par le comité des mères de Beslan qui lui reprochait de rester sourd à leurs appels et l'accusait d'être “responsable” de la mort de leurs enfants, Vladimir Poutine a reçu vendredi, au deuxième jour de deuil, une délégation de mères de victimes pour une rencontre “dure, violente, mais constructive”, selon ces dernières. “Toutes les circonstances doivent être minutieusement étudiées. Vous-mêmes et toute la société en serez informés. Nous chercherons à le faire, nous y arriverons nécessairement”, a affirmé Vladimir Poutine lors de la rencontre. C'est une victoire pour ces mères qui sont les premières, après des tragédies comme les attentats contre des immeubles à Moscou en 1999 et la prise d'otages du théâtre de la Doubrovka à Moscou en 2002, à faire plier le Kremlin et à obliger le président russe à les recevoir. “Le président éprouve de la culpabilité pour ce qui s'est passé et il fera tout ce qui dépend de lui pour que la vérité soit connue et que les coupables soient condamnés”, a déclaré la porte-parole du comité des mères, Soussana Doudieva, qui a ajouté l'avoir “regardé dans les yeux” et “cru”. “Pour beaucoup de questions, il a dit franchement qu'il n'avait pas de réponses. Pour certaines questions, notamment concernant le nombre d'otages, il a reconnu qu'il s'agissait de désinformation”, a soutenu la porte-parole. “Si la confiance que nous lui avons accordée, que le peuple lui a accordée, est bafouée, alors la prochaine fois il n'aura plus cette confiance”, a néanmoins averti la porte-parole du comité. Dès samedi, le président ordonnait au parquet général de vérifier les informations sur les insuffisances de l'enquête.