RESUME : Djamila contacte ses amis aisés et grâce à l'un d'eux, Nadia a où loger. Elle travaillera aussi au hammam. Le temps file sans qu'elle s'en rende compte. Ses enfants sont des adolescents maintenant. Viendra le jour où ils voleront de leurs propres ailes. Nadia a de la peine en y pensant… Cela fait huit ans qu'ils sont installés à Oran. Nadia n'a pas vu le temps passer. Farid aura bientôt vingt ans, il fréquente la fac de médecine. Il a aussi une petite amie. C'est déjà un jeune homme plein de confiance et elle ne serait pas surprise de l'entendre parler de mariage. Lynda qui est devenue avec le temps une très belle jeune fille est, elle aussi, très calme et n'a aucun loisir. Nadia la pousse souvent à sortir un peu, mais Lynda préfère la compagnie de ses bouquins à celles des jeunes de son âge. Elle passera l'examen du bac en même temps que Tarek. De son côté, ce dernier est quelqu'un de très timide. Il ne sort presque jamais en dehors des cours. Quand il n'est pas en face d'un bouquin, il joue de la flûte, la chérissant plus que jamais. Il lui arrive de faire plaisir à sa mère et il va la chercher au hammam. Parfois, il l'accompagne au marché. Un jour où ils rentrent ensemble, Tarek a la malchance de recevoir en plein front un ballon de basquet. Il tombe à la renverse et perd connaissance. Nadia lâche son panier et se penche sur son fils. Elle vérifie qu'il ne saigne pas de la tête puis lui tape dans les joues, pour le ramener à lui. Elle s'affole quand il ne réagit pas. Elle se tourne en entendant des bruits de pas derrière elle. Une jeune-fille est accourue, l'air affolé. - C'est de ma faute, lui dit elle. Oh mon Dieu, est-ce qu'il est mort ? - Non, je crois… je crois que le coup l'a assommé. - Essayons de le porter chez vous, suggère la jeune-fille. Il sera mieux à l'intérieur. Nadia continue à lui tapoter la joue et cette fois-ci, Tarek ouvre les yeux, en grimaçant de douleurs. Il porte la main à la tête. - Ah ma tête, gémit-il. Que m'est il arrivé ? - Tu as reçu mon ballon en plein front, dit la jeune-fille, soulagée qu'il soit revenu à lui. On va t'aider à te relever. Elles l'aident à se relever. Tarek est encore sonné par le coup. Il s'appuie sur sa mère. - Qui es-tu ? lui demande-t-il. Je ne t'ai jamais vue dans le quartier. - Excusez-moi, je ne me suis pas présentée, dit la jeune fille. Je m'appelle Hakima, je suis la fille de Djalil. - J'ignorais qu'elle avait une fille, soupire Tarek avant de se présenter. Moi et ma mère habitons chez vos parents. C'est bizarre, depuis huit ans, je ne suis jamais tombé sur vous, remarque-t-il. - C'est normal puisque j'habite chez ma grand-mère, à Alger, dit Hakima. J'étudiais là-bas. J'ai échoué au bac et j'ai décidé de le repasser en candidate libre. Mais ici, on aura l'occasion de se revoir. - Peut-être. Ils échangent un sourire qui donne une drôle d'impression à Nadia. - Rentrons, dit-elle à son fils. Hakima ne les laisse pas partir ainsi. - Si la douleur persiste, n'hésitez pas à venir voir maman, elle appellera un médecin pour l'examiner. Peut-être que c'est plus grave que cela ne paraît ? - C'est gentil de le proposer. Apparemment, il s'en sortira bien, répond Nadia. Au revoir. - À bientôt, dit la jeune-fille en faisant un signe de la main à Tarek. Ce dernier hoche la tête et suit sa mère à l'intérieur de leur maison. Il se dit qu'il n'a pas seulement reçu un coup à la tête mais aussi au cœur. Nadia, qui n'est pas aveugle et sent venir les choses, n'hésite pas à lui parler. Même si, pour cela, elle doit gâcher sa joie et le freiner dans ses rêves… (À suivre) A. K. [email protected]