Après un mois d'avril qui restera gravé dans l'histoire du marché pétrolier, avec des prix négatifs pour le "light sweet crude" américain, les cours du pétrole retrouvaient, hier, dans la matinée, l'orientation à la hausse. Hier, vendredi 1er mai, jour d'entrée en vigueur de l'accord Opep+ qui porte sur une baisse de production de près de 10 millions de barils par jour, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, valait 26,36 dollars à Londres vers 16h30 (GMT), en repli de 0,45% après un rebond de 2,23% à la mi-journée par rapport à la clôture de jeudi. À New York, le baril américain de WTI pour juin valait 19,09 dollars vers 16h30, en hausse de 1,33%. "Le pétrole semble profiter de l'entrée en vigueur des coupes des membres de l'Opep+", a estimé Han Tan, analyste de FXTM. Même si ces dernières "sont loin de compenser la chute de la demande, une reprise de l'économie mondiale entraînant une augmentation de la demande en pétrole apporte de l'optimisme sur le marché", a-t-il ajouté. Il convient de rappeler que les producteurs Opep+ se sont accordés le 12 avril sur une réduction de leur production de 9,7 millions de barils par jour (mbj) sur deux mois (mai-juin). La réduction sera ensuite progressivement assouplie : elle sera de 7,7 mbj de juillet à décembre, puis de 5,8 mbj de janvier prochain à avril 2022. Il est vrai qu'à sa conclusion le 12 avril dernier, l'accord Opep+ n'avait pas convaincu les acteurs du marché. L'annonce de l'accord avait été même suivie d'une chute historique des prix. Mais, avec la crise, les producteurs n'avaient pas d'autre choix que de s'en tenir à l'accord et envisager d'en faire plus. D'ailleurs, la Russie, signataire de cet accord en qualité de partenaire de l'organisation via l'accord Opep+, a insisté mercredi, par la voix de son ministre de l'Energie, Alexandre Novak, sur le respect de son engagement. Outre cette baisse historique conclue par l'Opep+, les prix du brut ont également profité momentanément d'autres nouvelles encourageantes. La faible augmentation, la semaine dernière, des réserves américaines de brut renseigne "d'une reprise progressive de la demande", selon Warren Patterson et Wenyu Yao, de ING. La Norvège, plus gros producteur d'hydrocarbures d'Europe de l'Ouest, a annoncé par ailleurs une réduction de sa production de pétrole jusqu'à la fin de l'année afin de contribuer à une stabilisation des prix. Le pays nordique "joue le jeu" pour adapter l'offre à une demande sabrée par la pandémie, de concert avec d'autres pays producteurs, a estimé Neil Wilson, de Markets.com. Malgré ces efforts de retrait de millions de barils quotidiens en trop sur le marché et qui ont permis au baril de souffler, les analystes restent prudents face à une demande plombée par la pandémie de Covid-19. Les cours du pétrole "rebondissent pour l'instant mais le carnage n'est pas terminé", a prévenu Craig Erlam, analyste de Oanda.