La loi relative à la prévention et à la lutte contre la discrimination et le discours de la haine, adoptée récemment et publiée dans le Journal officiel, n'a pas mis pour autant fin aux attaques à fortes consonances raciste et régionaliste contre la Kabylie, sur certaines chaînes de télévision et sur les réseaux sociaux. Depuis quelques jours, les attaques et le déchaînement de haine contre cette région se font insistants et agressifs. Même le célèbre artiste Idir, décédé la semaine dernière en France, n'a pas été épargné par cette déferlante. Sur les réseaux sociaux, le défunt fut principalement ciblé pour son combat pour l'amazighité et la démocratie. Même ceux qui lui ont rendu hommage n'ont pas échappé aux attaques. C'est l'exemple du directeur des affaires religieuses de Béjaïa qui a été brocardé pour avoir salué la mémoire de l'artiste. Aux côtés de ces attaques contre la mémoire du défunt artiste auquel des officiels de plusieurs pays ont rendu hommage, un chef de parti politique connu pour sa versatilité et surtout son amarrage au système Bouteflika, le président du PRA, Kamel Bensalem pour ne pas le nommer, s'en est violemment pris aux étudiants des universités de Tizi Ouzou et de Béjaïa. Invité à une émission de télévision diffusée par Beur TV, Kamel Bensalem n'a pas hésité à accuser les étudiants de Tizi Ouzou et de Béjaïa d'intelligence avec l'étranger dans le but de déstabiliser le pays. Kamel Bensalem, dont le parti fut un soutien zélé au président déchu, a indiqué que ces étudiants "percevaient un salaire mensuel de 60 000 DA". Malgré la gravité des propos tenus par M. Bensalem, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) n'a pas cru utile de réagir pour réprimander Beur TV, comme elle l'a fait ces derniers jours avec d'autres chaînes de télévision. Pourtant, les faits sont beaucoup plus graves que les programmes pour lesquels El Haddaf, El Djazaïria One, Echourouk et Numidia ont récolté des avertissements. Quelques jours auparavant, c'est un ex-membre du comité central du FLN qui a repris son sport favori : la haine du kabyle. En effet, dans une vidéo postée sur facebook, le concerné s'en est pris avec une violence inouïe à la Kabylie, à ses habitants et à l'amazighité. Là aussi, ni la justice ni les services de sécurité, prompts à engager des poursuites contre les hirakistes pour des publications sur les réseaux sociaux, n'ont pas réagi. Cette série d'attaques contre la Kabylie a repris également depuis que la mouture de la future Constitution a été rendue publique, où l'officialisation de tamazight comme seconde langue officielle est maintenue. Plusieurs d'entre ces internautes ont dénoncé la décision du chef de l'Etat de maintenir le statut officiel de tamazight. Il faut rappeler que ce n'est pas la première fois que la Kabylie est ciblée par des propos haineux et racistes. Naïma Salhi, Lakhdar Benkoula et leurs acolytes ont semé les germes d'une haine qui prospère depuis.