Des opérations similaires sont prévues à travers de nombreux quartiers de la capitale. Le lieutenant-colonel Tayeb Mostefa, commandant du groupement de la Gendarmerie nationale d'Alger, semble déterminé à mener une lutte sans merci contre la criminalité et la délinquance qui ont connu une recrudescence dans plusieurs quartiers de la capitale. Et pour preuve, une série de descentes ont été organisées dans la nuit de dimanche en compagnie de journalistes de la presse écrite. Une opération éclair programmée à Haouch Biga, dans la commune de Baraki, et dans certaines communes de la côte est algéroise (Bateau cassé, Tamenfoust, Quatre-Chemins, Kadous, Déca-Plage, les Chalets et les bars implantés à proximité de ces plages. Il est 20h passées. Les véhicules s'arrêtent brusquement devant un groupe de personnes juste au niveau de la rocade Est-Ouest à Baraki. C'est Haouch Biga. À la vue des gendarmes, tout le monde se lève et la fouille commence. Des cannettes de bière, du vin en bouteilles et en berlingots sont posés à même le sol. Au cours du petit interrogatoire, chacun essaie de plaider sa cause, histoire de minimiser la chose. “ Nous sommes des pères de famille venus passer quelques moments de détente entre amis et voisins. Nous ne faisons aucun mal “, dira l'un d'eux oubliant que l'ivresse sur la voie publique est un délit. Un autre ne trouvant aucune réponse à la question de savoir pourquoi il s'est mis dans cette situation lancera : “ C'est pour déstresser que je suis là. Chaque journée passée dans l'entreprise où je travaille est un calvaire.” “L'innocence” des paroles n'arrive pas à convaincre les gendarmes qui finissent par mettre la main sur le fournisseur attitré de ces messieurs. À domicile, il livre au groupe les boissons alcoolisées telles que la bière, le vin ou le pastis de provenance et de qualité douteuses. La marchandise est en même temps saisie. Dans la foulée, un ressortissant tunisien est aussi arrêté. À une cinquantaine de mètres des gendarmes, un autre groupe d'adeptes de Bacchus à la belle étoile est passé à la fouille. Même topo. Pas loin du lieu de la beuverie, une épée et un couteau à cran d'arrêt ont été trouvés, jetés certainement à la hâte. On finit par mettre tout ce beau monde dans le “saladier” qui prend la direction de la brigade de Béni Mered. Après quelques minutes de repos, c'est le temps de faire les comptes de la descente. À Haouch Biga, 63 personnes ont été arrêtées. Parallèlement, 141 bouteilles de bière, 17 bouteilles de vin, 17 bouteilles de pastis, 1 épée et un couteau à cran d'arrêt sont saisis. Entre-temps, d'autres brigades sont sur le terrain au niveau du secteur est (Bordj El-Kiffan, Marsa, Aïn Taya). Dans cette région connue pour ses cabarets et ses bars, 61 personnes sont arrêtées en possession de 23 couteaux à cran d'arrêt, 7 épées, 5 gourdins, 2 bombes lacrymogènes, 14 bâtonnets de kif traité et 31 de psychotropes. Le lieutenant-colonel Tayeb Mostefa anime un point de presse lors duquel il confirme que des descentes mixtes (police-gendarmerie) se tiendront extra muros dans les tout prochains jours. “Les noyaux durs de la délinquance seront cassés, et nous y mettrons le prix qu'il faut”, appuiera le colonel Abderrahmane Ayoub, directeur de la communication de la Gendarmerie nationale. Pour lui, il y a une réelle volonté des deux corps à travailler de concert. “ Pour preuve, il y a échange d'informations entre nous”, souligne-t-il. Le commandant du groupement d'Alger revient à la charge pour impliquer les citoyens dans ces opérations. “Les services de sécurité mènent l'opération mais la contribution des citoyens reste d'abord un acte civique d'une grande importance. Eradiquer la criminalité n'est pas une mince affaire, mais freiner son évolution est possible. C'est notre objectif à travers les descentes qui seront multipliées. C'est le seul moyen pour dissuader la délinquance qui gagne toutes les régions de la capitale. À Bouchaoui, à titre d'exemple, il y eut de janvier à août 27 crimes”, déclare-t-il. Il faut savoir que les descentes de dimanche soir ont nécessité la mobilisation de 250 hommes, 2 brigades cynophiles et des moyens matériels. ALI FARÈS