Aujourd'hui, 7 septembre, le journaliste Mohamed Benchicou, incarcéré depuis le 14 juin 2004 après un simulacre de procès à l'issue duquel il a été condamné à deux ans de prison pour un délit fictif, sera extrait de sa cellule pour la 28e fois pour être présenté devant le tribunal chargé de délibérer sur neuf procès en appel pour délit de presse. Au cours de cette seule journée, Mohamed Benchicou, objet de 27 plaintes en diffamation en l'espace d'une année, comparaîtra d'abord en tant qu'accusé principal dans quatre procès concernant ses propres écrits, puis en qualité de co-accusé responsable de publication, dans cinq autres affaires impliquant des journalistes du Matin jugés en première instance en avril 2005. Alors que la mobilisation contre le harcèlement judiciaire des journalistes s'amplifiait et que partout des voix s'élevaient réclamant la libération du directeur du Matin et la reparution de son journal, la dépénalisation du code de l'information, l'arrêt de la répression de la presse, une nouvelle fois, la justice algérienne transformée en bras séculier du pouvoir politique condamnait à des peines de prison ferme, coup sur coup, 8 journalistes (les quatre du Matin, Dilem et Alilat de Liberté, Boughanem et Laâlam du Soir d'Algérie) pour des écrits tantôt qualifiés de diffamatoires, tantôt censés porter “atteinte à corps constitués”. Le cas Mohamed Benchicou est une parfaite illustration des “procédures parallèles et détournnées destinées à metttre en cause des journalistes” dénoncées par la Fédération internationale des droits de l'Homme dans son rapport publié le 15 juin 2005. C'est donc dans ce climat de répression que vont se tenir les neuf procès en appel de Benchicou, et que comparaîtront Dilem, Alilat, Rezzoug, Chérif, Zerrouky, Sémiane et Hammouche. Le Comité pour la liberté de la presse en Algérie, conscient des dangers de cette situation, craint une poursuite des représailles sous la forme d'une confirmation des verdicts rendus en première instance dans ces affaires. Il appelle tous ceux qui l'ont accompagné et soutenu dans sa lutte à rester mobilisés pour que cesse cette situation de non-droit et que Mohamed Benchicou soit libéré. Il les appelle à agir pour empêcher que l'arbitraire se reproduise et pour que soit mis un terme définitif à la répression de la presse et au harcèlement juridico-policier des journalistes. Paris, le 4 septembre 2005