Après avoir été mis en isolement, Karim Tabbou subit une nouvelle épreuve. Il serait interdit d'appeler sa famille au téléphone comme le font les autres détenus depuis que les visites en prison sont interdites à cause de l'épidémie de Covid-19. Selon le collectif de défense du détenu politique, ce dernier "a été privé de son droit de téléphoner dont ont bénéficié tous les prisonniers depuis la propagation de la pandémie de coronavirus et la note interdisant les visites familiales des détenus par mesures de prévention". Les avocats, qui ont rendu public un communiqué, considèrent cette interdiction comme une mesure qui "viole totalement la loi sur l'organisation pénitentiaire, en particulier l'article 72 et les articles stipulés dans le décret exécutif n°05-430 du 8 novembre 2005 qui précise les moyens de communication à distance et leur utilisation par les détenus". Le document rappelle que Karim Tabbou a formulé des demandes lui permettant d'appeler sa famille, à trois reprises, deux en avril et une en mai. À chaque fois, la demande est rejetée. Plus qu'une interdiction d'entrer en contact avec sa famille, l'interdiction d'utiliser le téléphone par le militant politique "consacre la politique d'isolement" de Karim Tabbou ce qui est "une forme de traitement cruel, psychologique, sévère et sélectif", dénonce le collectif de défense. Tout en condamnant le traitement "discriminatoire" dont est victime leur mandant, les avocats réclament "l'équité, la justice et la bonne application des textes juridiques sans aucune discrimination et loin de tout calcul politicien". Ce nouvel épisode s'ajoute au long feuilleton judiciaire que constitue le procès de Karim Tabbou. Arrêté en deux temps en septembre dernier, le porte-parole de l'Union démocratique et sociale (UDS, parti non agréé) a été condamné en février dernier à une peine d'une année de prison dont six mois fermes. Il devait quitter la prison le 26 mars. Mais deux jours avant, il a été emmené de "force" sans en être au préalable informé, ni d'ailleurs ses avocats, pour être jugé en appel. Malgré un malaise en pleine audience, le militant, une des figures politiques du hirak populaire, a été condamné à une année de prison ferme. Il retourne donc à la prison de Koléa où il est mis en isolement depuis octobre 2019. Arrêté une première fois le 11 septembre 2019 à Alger, le natif d'Ath-Bouadhou (Ouadhias, Tizi Ouzou) a été incarcéré à la prison de Koléa. Libéré le 25 du même mois par la Cour de Tipasa, il a été arrêté, une deuxième fois chez lui, le lendemain. Il est donc poursuivi dans deux affaires, mais avec les mêmes chefs d'inculpation. Il est notamment accusé d'"atteinte au moral de l'armée" et "atteinte à l'unité nationale". Lors de son premier procès, qui s'est déroulé le 4 mars dernier, l'ancien premier secrétaire national du FFS avait notamment dénoncé des actes de torture de la part des services de renseignement. Son deuxième procès, qui devait se dérouler en avril, a été reporté au mois de juin prochain. Entre temps, il se trouve toujours dans une cellule isolée à la prison de Koléa.