Appliquées depuis le 4 avril écoulé, les mesures de confinement viennent d'être levées à Tamanrasset. Cette nouvelle, annoncée jeudi, semble s'appuyer sur les chiffres de l'amélioration de la situation sanitaire dans la région. En effet, le faible taux de contaminations au Covid-19 dans cette wilaya aura motivé cette décision qui a, toutefois, suscité des réactions divergentes, voir mitigées. "On aura certainement plus de liberté de circuler, mais la bataille contre le coronavirus est loin d'être gagnée. À mon humble avis, la vigilance doit rester de mise", préconise Tarik, gérant d'une entreprise privée. Même son de cloche chez Mohamed, fonctionnaire dans une administration publique, qui a invité la population à soutenir une réelle reprise de la vie sociale en faisant preuve de civisme et de responsabilité. "Il nous appartiendra de respecter rigoureusement les mesures sanitaires décrétées par les autorités. Il ne faut surtout pas se laisser prendre par l'insouciance de certains concitoyens qui ont une définition disproportionnée du déconfinement. Les mesures barrières demeurent indispensables malgré cette liberté de surcroît contrôlée", estime-t-il. Pour Mounir, commerçant, c'est de la reprise économique qu'il va falloir débattre après cette crise. "Le déconfinement signifie-t-il l'ouverture des commerces fermés ? Nous n'en savons pas trop. Les déclarations contradictoires des autorités renseignent sur le flou qui persiste et la menace sanitaire qui continue de peser. D'aucuns demeurent toujours interrogatifs sur cette difficile remise en route. La crise nous a tous ruinés", nous dit-il avant d'ouvrir le chapitre des aides accordées aux commerçants concernés par la fermeture administrative depuis plus de deux mois. Pour sa part, Salah, journalier, pense qu'il peut enfin se rendre chez ses parents à In Salah sans passer par les taxis clandestins. Mais, il ne dissimule pas son inquiétude quant au manque de moyens de protection, notamment les masques de protection obligatoire, qui se font rares dans la ville. À l'hôpital d'Amechouen où se trouve le service de prise en charge des patients atteints du Covid-19, la levée du confinement n'est point saluée. Le mécontentement des professionnels de la santé a pris le dessus. "Certes, nous allons pouvoir circuler librement et profiter des déambulations nocturnes dans la capitale de l'Ahaggar. Ce n'est malheureusement pas le cas pour les personnels de l'EPH qui subissent une pression à cause du nombre grandissant de patients testés positifs. Il faut s'attendre au pire avec ce déconfinement", s'indigne un infirmier. Il affirme que les médecins et infirmiers affectés au service Covid-19 "refusent l'idée de retourner chez eux après chaque fin de service. Ils ont exigé un logement pour pouvoir s'y confiner afin d'éviter une probable contamination de leurs proches, mais la direction de l'EPH a rejeté leur requête. Il a fallu l'intervention de la DSP pour résoudre provisoirement ce problème en réquisitionnant une auberge de jeunes pour les loger après leurs service et garde hospitalière", indique-t-il.