Les appels à réformer la police s'élèvent de tous les Etats-Unis, mais la tâche s'annonce dantesque tant les forces de l'ordre sont protégées par leurs syndicats et le système judiciaire, qui ont laissé s'installer depuis longtemps un fort sentiment d'impunité dans leurs rangs. Depuis le meurtre de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans asphyxié par un policier blanc il y a deux semaines à Minneapolis, les initiatives pullulent pour s'attaquer aux violences policières, surtout celles qui ciblent la minorité noire. Des milliers de manifestants exigent des coupes dans les budgets des forces de l'ordre, des élus du Congrès veulent "obliger les policiers à rendre des comptes" et le conseil municipal de Minneapolis souhaite démanteler la police de la ville pour tout remettre à plat. Car le calvaire vécu par George Floyd est loin d'être un cas isolé. La police américaine a tué 1 098 personnes en 2019, dont un quart étaient noires, alors que les Afro-Américains représentent moins de 13% de la population, selon le site mappingpoliceviolence. Près de 200 élus du Congrès, majoritairement démocrates, ont annoncé lundi leur intention de légiférer pour mettre un terme à cette "immunité". Au-delà, ils veulent s'attaquer aux préjugés raciaux qui sous-tendent une partie des actions de la police avec, notamment, des formations obligatoires à la lutte contre les préjugés ou la création d'un registre des bavures policières. Par ailleurs, à la veille de l'enterrement de George Floyd, hier, le policier blanc accusé de ce meurtre a brièvement comparu lundi soir pour la première fois devant une juge d'un tribunal de Minneapolis, qui a fixé sa caution libératoire à un million de dollars, sous conditions. La date de la prochaine audience a été fixée au 29 juin. Derek Chauvin avait été dans un premier temps inculpé d'homicide involontaire, mais les faits ont été requalifiés en meurtre non prémédité, un chef passible de 40 années de réclusion.