Suicides, viols, meurtres et violences domestiques, les effets pervers du confinement sont de plus en plus visibles à Oran et plus généralement dans le pays. "Les patients que je reçois souffrent souvent soit de dépression soit de crises d'angoisse. J'ai reçu plusieurs patientes qui ont l'impression d'être toquées, ça veut dire souffrant de troubles obsessionnels compulsifs vu l'apparition d'obsessions durant ce confinementé», indique Samira Bouddou, psychologue au Centre hospitalo-universitaire d'Oran (Chuo). Les actes de violence, d'agression et de viol ont été enregistrés lors de cette période, selon notre interlocutrice, qui explique que «durant les crises, les psychopathes ont tendance à profiter de la situation et de l'absence de l'Etat. À chaque période de crise, partout dans le monde, et l'Algérie ne fait pas exception, on a des psychopathes qui laissent libre cours à leurs pulsions", en prenant exemple sur les Etats-Unis d'Amérique où la vente d'armes a explosé, comme conséquence directe du coronavirus, pour prévenir les actes de vol et de violence. Pour rappel, Samira Bouddou, en compagnie d'une équipe d'une trentaine de psychologues du Chuo, gèrent deux cellules de crise créées au sein même de l'établissement hospitalier. "La première est une cellule d'écoute et d'orientation à l'origine et qui a été immédiatement transformée en cellule de crise dès le début de la pandémie en direction du personnel médical du Chuo", précise-t-elle. La psychologue ajoute également que la cellule a reçu deux cas de viol, dont celui d'une adolescente qui a été agressée sexuellement dans un magasin, et des tentatives de suicide. Quant aux effets du confinement, elle cite Houari Maïdi, psychanalyste français, qui a comparé le confinement à un événement traumatique expliquant que lorsqu'on choisit de rester confiné chez soi, c'est un choix mais quand il est imposé, alors on a l'impression d'être en prison à cause des différentes privations qui en découlent. "C'est pour cette raison qu'il a comparé le confinement à un traumatisme et c'est pour ça qu'on s'attendait à ce qu'il y ait des signes post-traumatiques chez les personnes confinées." En parallèle à ces cas, souligne Samira Bouddou, "il y a le post-confinement, post-pandémie, et on s'attend à d'autres manifestations comme la dépression et les éclatements dont des divorces." Lors d'une émission sur la radio Bahia, le docteur Youcef Boukhari, chef du service de la prévention à la DSP de la wilaya d'Oran, a indiqué que trois infirmières exerçant dans le secteur public ont été répudiées par leurs maris alors qu'elles ont été réquisitionnées dans les services du Covid-19. La psychologue, à travers ces cas, veut attirer l'attention sur le personnel soignant et des services qui sont aux premières lignes dans la lutte contre le coronavirus, dont le sacrifice n'a pas été apprécié à sa juste valeur.