Les habitants de la ville côtière de Tigzirt n'ont pas hésité, avant-hier, à braver le risque sanitaire et à répondre massivement à l'appel à la marche lancé par le village El-Kelâa à l'effet de réclamer la libération du jeune activiste du hirak, Amrani Mohammed Arezki, dit Mourad, qui a été placé sous mandat de dépôt lundi dernier par le tribunal local, et la cessation des poursuites à l'encontre de Salim Rahim qui a bénéficié d'une citation directe à comparaître le 15 juin prochain. Une imposante foule a pris part à cette marche populaire qui a pris son départ à 10h, de la place du cinéma, située à l'entrée de la ville, à destination du tribunal, situé à l'autre bout de la ville. Tout au long de l'itinéraire, les manifestants scandaient des slogans appelant à la libération du jeune Amrani et la cessation des poursuites à l'encontre de Salim Rahimi, le coadministrateur de la page Facebook incriminée, à savoir "El Kelâa fidèle à la JSK". "Halte aux intimidations, libérez Amrani Mohamed Arezki", lit-on sur une large banderole déployée par les manifestants. Les participants à cette marche reprenaient également en chœur les habituels slogans de la révolution populaire. Devant le tribunal, les manifestants ont transformé leur marche en un rassemblement au cours duquel ils ont appelé à une véritable indépendance de la justice. Sur place, des avocats et des élus ont pris la parole pour dénoncer les intimidations qui ciblent les activistes de la révolution populaire en pleine crise sanitaire. "À chaque incarcération, nous répondrons avec une grande mobilisation", a déclaré, lors de sa prise de parole, le député du RCD, Moh-Arezki Hemdous. Pour leur part, les avocats qui sont intervenus, ont surtout dénoncé le fait que "le jeune Amrani a été présenté et placé en détention préventive sans que ses avocats ne soient avisés". Dans son appel à la marche, le comité de village El-Kelâa a estimé que "la mise en détention d'Amrani Mohamed Arezki et la convocation de Salim Rahim au procès fixé le 15 juin prochain est une violation caractérisée du droit à la liberté d'expression réclamée par le peuple depuis le 22 février 2019". "Les intimidations et l'emprisonnement des jeunes activistes n'ont d'autres objectifs que celui de museler le peuple et le soumettre de force au nouveau pouvoir issu du coup de force du 12 décembre dans la continuité du système dictatorial instauré depuis 1962", est-il encore écrit dans l'appel. À noter que le procès d'Amrani Mohamed Arezki et de Salim Rahim aura lieu le 15 juin prochain à la Cour de Tizi Ouzou. Ils sont poursuivis pour offense au Président et outrage à corps constitués. Après leur audition en mai dernier par la brigade de lutte contre la cybercriminalité de la sûreté de la wilaya de Tizi Ouzou, le premier d'entre eux a été placé sous mandat de dépôt lundi dernier et le second a bénéficié d'une citation directe à comparaître.