Amrani Mohamed Ameziane et Salim Rahim étaient poursuivis pour les chefs d'inculpation d'"atteinte au président de la République à travers des expressions diffamatoires", "atteinte aux intérêts du pays" et "incitation à la poursuite du hirak". Le verdict dans l'affaire des deux activistes Amrani Mohamed Ameziane et Salim Rahim arrêtés à Tizi Ouzou et jugés hier, est tombé. Le premier, Amrani Mohamed Ameziane, a été condamné à une amende de 100 000 DA pour offense au président de la République. Le second militant, Salim Rahim, quant à lui, a été relaxé. Plus tôt dans la journée, le procureur de la République avait requis une peine d'une année de prison ferme et une amende de 100 000 DA contre les deux activistes, poursuivis pour les chefs d'inculpation d'"atteinte au président de la République à travers des expressions diffamatoires", "atteinte aux intérêts du pays" et "incitation à la poursuite du hirak" à travers des publications diffusées sur la page Facebook "El Kelaâ fidèle à la JSK". Alors que devant le siège de la cour de Tizi Ouzou où se déroulait le procès, un imposant rassemblement a été observé en soutien aux deux activistes. À l'intérieur, une cinquantaine d'avocats de Tizi Ouzou, Alger, Bejaia et Boumerdes a envahi la salle d'audience pour les défendre. À10h, le procès s'ouvre, mais d'emblée la tension était perceptible. Au box des accusés, il n'y avait que Salim Rahim, qui a bénéficié d'une citation directe à comparaître. Son camarade Amrani Mohand Arezki, qui a été placé sous mandat de dépôt devait être jugé par visioconférence. Ce qui n'a pas été du goût des avocats de la défense. Mais ce n'était qu'un premier couac. Le juge a commencé à peine à interroger les mis en cause que les avocats se sont insurgés pour lui reprocher d'"orienter les débats et se limiter aux questions à charge". Après l'audition des prévenus qui a révélé qu'ils ont été convoqués par la police sur un simple appel téléphonique avec un numéro masqué, puis la prononciation du réquisitoire du procureur, les avocats ont entamé les plaidoiries et se sont relayés pendant plusieurs heures pour battre en brèche les accusations portées à l'encontre des deux jeunes. Tous les avocats qui ont eu à plaider dans ce dossier ont entamé leur intervention en mettant l'accent sur le caractère politique de ce procès. "C'est une affaire d'une portée éminemment et strictement politique à laquelle on ne peut appliquer ni l'article 144 bis ni l'article 96 du code pénal", a déclaré, entre autres, Me Hakim Saheb qui a appelé à ce que cesse le paternalisme du pouvoir sur le peuple. Certains avocats ont considéré que le procès qui se déroulait à la cour n'est pas celui de deux jeunes activistes mais plutôt le procès de la liberté d'expression. "C'est la liberté d'expression qui est aujourd'hui ici dans le box des accusés", s'écria Me Amine Bouzidi. Son camarade de Bejaia, Me Bakouri, a appelé à cesser de prendre pour un ennemi du pays tous ceux qui ont un avis contraire ou une critique. D'autres encore ont remis sur la table le concept qu'ils ont jugé très confus de "l'intérêt du pays". Certains autres avocats encore ont mis plutôt l'accent sur le caractère "farfelu" et "infondé" des accusations tout en soutenant que le président de la République ne figure pas parmi les symboles de l'Etat. D'autres ont rappelé qu'il a lui-même refusé toute sacralité en rejetant même le qualificatif de "Fakhamatouhou", et d'autres encore en estimant que même si c'était le cas, les publications incriminées n'auraient rien de diffamatoire. Un des avocats a mis en avant les confusions relevées dans le rapport de la police judiciaire qui n'a pas, ont-ils soutenu, fait la distinction entre ce qui est un compte personnel et ce qui est une page, et entre ce qui est un modérateur, un éditeur et un administrateur d'une page. Au moment où nous mettions sous presse, les plaidoiries se poursuivaient toujours et le verdict était attendu dans la soirée.