Le ministre de l'Industrie place la barre trop haut. Ira-t-il jusqu'au bout pour mettre fin au délit d'initié et réhabiliter les professionnels d'un secteur aux abois ? Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a instruit le ministre de l'Industrie et des Mines, Ferhat Aït Ali Braham, d'accélérer le processus pour la promulgation d'un cahier des charges pour l'importation des véhicules neufs. Bien avant la sortie du chef de l'Etat, le ministre de l'Industrie avait ouvert le bal en annonçant que "le nouveau cahier des charges qui régit les conditions et les modalités d'exercice des activités des concessionnaires de véhicules neufs sera promulgué d'ici juillet prochain". La messe est dite : les appétits sont grandissants et tous les regards sont braqués sur cette nouvelle loi, ses textes d'application, la disposition de la Banque d'Algérie à autoriser les opérateurs comme d'ailleurs les Douanes à faciliter les homologations, les mécanismes d'importation et de commercialisation, les tarifications à l'achat et à la vente pour éviter la spéculation et la surfacturation, le montant à arrêter et le volume et, enfin, les marques et les concessionnaires à retenir pour répondre au besoin pressant d'un marché livré à une flambée extraordinaire des prix sur le véhicule d'occasion. Mais, ce retour aux importations suggère un traitement judicieux des dossiers des candidats. Tout est là ! Aussi légitime que cela puisse paraître, tous les concessionnaires sont dans les starting-blocks pour décrocher un agrément et un quota qui, inévitablement, sera calculé sur la base d'un montant et/ou de l'équivalent d'un volume de voitures à importer. Sur ce sujet précis, le ministre en charge du secteur est on ne peut mieux vigilant pour que l'Etat ne reproduise plus les fâcheuses expériences de ceux qui avaient siphonné le Trésor public et mis à genoux l'économie nationale via les importations déguisées au nom d'une industrie suicidaire. En Algérie comme à l'étranger, les concessionnaires n'attendent que le feu vert. Et sur ce registre, M. Ferhat Aït Ali est conscient en affirmant que "la liste finale des concessionnaires agréés retenus sera rendue publique au plus tard durant le dernier trimestre de 2020 (...) Théoriquement, les premiers véhicules neufs importés ne peuvent être mis sur le marché que vers la fin de l'année". Ira-t-il jusqu'au bout de sa démarche à vouloir asseoir cette transparence souhaitée et parer au délit d'initié ? Les observateurs s'interrogent sur quelle base le ministre agira pour établir une liste ferme qui devra, au demeurant, privilégier les opérateurs ayant déjà exercé cette activité par le passé. À la bonne heure si les historiques de l'automobile reviennent sur un marché qu'ils maîtrisent, avec autant de commodités dont ils disposent pour placer le client au cœur du métier. Sachant que la règle 51/49 est de rigueur, les groupes automobiles installés en Algérie et qui représentent des marques, tant européennes qu'asiatiques, sont, eux aussi, concernés par cette activité, et ce, même s'ils sont assujettis à un nouvel agrément, à l'instar de tous les anciens concessionnaires. Et si le ministre place la barre trop haut pour les concessionnaires, il est clair que le client ne sera plus otage de délais injustifiés de livraison de sa voiture, comme par le passé, et ne payera que le prix basé sur des marges bénéficiaires raisonnables. Cela étant, la dévaluation du dinar jouera un rôle majeur et direct sur le prix des véhicules neufs importés avec les nouvelles taxes introduites dans la loi de finances complémentaire (LFC 2020). En somme, l'intention de M. Aït Ali étant "de remettre les pendules à l'heure", pour le paraphraser, le marché du véhicule en Algérie devra, sans doute, connaître une nouvelle page. Du reste, on ignore si les concessionnaires multimarques seront retenus, à l'instar des marques représentées en Algérie et dont les patrons, en prison, ne sont pas encore définitivement jugés. Qui importera, d'où et quoi, nous le saurons à partir de la prochaine rentrée sociale. Quant aux premières livraisons, ce ne sera, évidemment pas, pendant la saison des feuilles mortes. FARID BELGACEM