Au rejet des mesures de prévention qui leur sont imposées par le gouvernement, les transporteurs, notamment les chauffeurs de taxi, mettent sur la table d'autres revendications. Mais où est donc passé le ministre des Travaux publics et des Transports, Farouk Chiali ? Alors que les différents acteurs du secteur des transports sont en ébullition depuis le lancement, dimanche 14 juin, de la seconde phase du déconfinement, M. Chiali s'est curieusement inscrit aux abonnés absents. Du moins, il ne s'est pas mis en première ligne pour prendre le problème à bras le corps, en rassurant un tant soit peu les différents intervenants et en proposant des solutions à même de faire redémarrer l'activité de transport qui est loin d'avoir retrouvé son rythme de croisère. En effet, à Alger, comme dans nombre d'autres villes du pays, très peu de taxis et de transporteurs publics assuraient, depuis dimanche, le service. La raison : les mesures "drastiques" de prévention imposées par le gouvernement. Ce qui a d'ailleurs poussé des dizaines de chauffeurs de taxi de plusieurs wilayas à organiser un sit-in de protestation lundi 15 juin à la gare routière de Carroubier (Alger) pour exprimer leur mécontentement et signifier leur refus de reprendre l'activité. En plus de l'allégement des mesures sanitaires, "très contraignantes" à leur goût (un client par course, désinfection du véhicule après chaque course et mise place d'un verre protecteur de type plexiglas entre le chauffeur et le client), ils ont réclamé une révision à la hausse de la tarification ou un réajustement du compteur. "Les chauffeurs de taxi ne veulent reprendre l'activité qu'à la condition d'une autre décision du gouvernement qui satisfasse leurs revendications", a asséné le président de la Fédération des chauffeurs de taxi, Mohamed Belkhous. Il est vrai que des représentants de chauffeurs de taxi ont été reçus au ministère des Transports après une demande d'entrevue envoyée au ministre de tutelle par leurs organisations syndicales. Mais le ministère n'a pas jugé utile de communiquer sur cette entrevue. Et tout porte à croire qu'il n'a pas répondu favorablement aux doléances des taxieurs puisque ceux-ci ne travaillent toujours pas. Le hic est que même l'entreprise publique de transport, comme l'Etusa, ne s'est toujours pas "déconfinée" et très peu de ses bus circulaient dans la capitale. Idem pour l'Entreprise du Métro d'Alger (EMA) dont les rames sont à l'arrêt. Ce n'est qu'hier que l'EMA a annoncé la reprise du service commercial des tramways de 6 villes (Alger, Oran, Constantine, Sidi Bel-Abbès, Sétif et Ouargla). Autrement dit, 4 jours après le déconfinement, le secteur des transports est presque à l'arrêt, causant ainsi de grands désagréments aux usagers qui éprouvent d'énormes difficultés à vaquer à leurs occupations. L'absence de transport public a aussi déteint sur l'activité commerciale qui est loin d'avoir retrouvé son rythme de croisière, au grand dam des commerçants qui ont beaucoup souffert des deux mois et demi de confinement et continuent à tirer le diable par la queue. Et pendant ce temps, le ministre des Transports s'est complu attentiste, n'ayant pas jugé utile de faire la moindre sortie publique ou d'animer une conférence de presse, histoire de rassurer transporteurs et usagers qui paient seuls les frais.