Un impressionnant dispositif sécuritaire, composé essentiellement de renforts de forces anti-émeutes (CNS), a quadrillé le centre-ville de Béjaïa, dès les premières heures de la journée d'hier, pour empêcher l'organisation de toute manifestation de rue. L'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche qui constitue le point de départ habituel des marches du hirak, organisées chaque vendredi, a été investi, hier matin, par des renforts de police qui ont bouclé tout accès à ce lieu de convergence des foules. À vrai dire, tout l'itinéraire habituel des manifestations du hirak, s'étalant du carrefour d'Aâmriw jusqu'à la place de la liberté d'expression Saïd Mekbel, était encerclé par les forces de police qui dispersaient tout regroupement de personnes au niveau de ce périmètre. On apprend que pas moins d'une dizaine de jeunes qui s'apprêtaient à braver l'interdiction des marches ont été embarqués, dès la matinée, par des policiers en civil à bord de véhicules banalisés. Tandis que certains manifestants ont été arrêtés par les éléments de la Brigade de recherche et d'investigation (BRI) qui sillonnaient les artères principales de la ville des Hammadites. Face à cette intervention musclée des forces de sécurité, des dizaines de jeunes se sont rassemblés au niveau de l'intersection de l'Edimco, dans le quartier périphérique d'Ihaddaden, scandant des slogans habituels du hirak. L'arrivée sur les lieux d'un renfort de CNS a empêché la foule de se ruer vers le centre-ville. Se plaçant en bouclier, les policiers se sont retrouvés corps à corps avec les manifestants qui reprenaient en chœur les chants habituels du hirak, notamment ceux réclamant la libération de tous les détenus d'opinion, le départ du système et l'instauration d'un Etat civil, démocratique et social. Après quelques heurts entre les forces anti-émeutes et les manifestants aux alentours du quartier Edimco, le calme est revenu. En effet, devant l'intransigeance du dispositif policier, les jeunes manifestants se sont repliés en vue d'éviter tout affrontement qui pourrait dégénérer en émeute. Il faut dire que si la mobilisation citoyenne n'était pas au rendez-vous, hier, à Béjaïa, c'est parce que plusieurs animateurs du hirak et autres acteurs de la société civile de la région ont appelé à la sagesse et à la patience, en invitant la population à ne pas renouer avec la mobilisation tant que la crise sanitaire dure encore. Pour eux, la bataille contre la pandémie de coronavirus n'est pas encore gagnée. À signaler que la ville d'Akbou a vécu, hier, une journée commémorative dédiée aux victimes du printemps noir de 2001.