La mobilisation citoyenne demeure intacte à Béjaïa. En témoigne cette immense procession humaine qui a déferlé, hier, sur la ville des Hammadites, à l'occasion de la marche populaire du 49e vendredi consécutif depuis le déclenchement de la révolution pacifique en marche. En effet, plusieurs milliers de citoyens, dont des personnes âgées, des femmes et des enfants, ont battu le pavé, hier, depuis le carrefour d'Aâmriw jouxtant la maison de la culture Taos-Amrouche jusqu'au boulevard Amirouche, dans la haute-ville de Béjaïa. Scindés en carrés et munis du drapeau national et de l'emblème amazigh, les Béjaouis ont de nouveau investi la rue avec la même détermination et le même engagement. Bien que les manifestants aient mis en avant de nouveaux slogans en rapport avec l'actualité politique, la rue béjaouie tient toujours aux mots d'ordre habituels du hirak, tels que "Système dégage", "La hiwar, la chiwar, errahil obligatoire" (Pas de dialogue, ni de consultation, le départ du système est obligatoire), "Dawla madania, matchi âaskaria" (Pour un Etat civil et non militaire), "Âadala hourra, moustaqila" (Pour une justice libre et indépendante), "Djazaïr hourra démocratia" (Pour une Algérie libre et démocratique), "Djazaïr amana, ba3ouha el-khawana" (L'Algérie, un legs des chouhada, vendue par les traîtres !), "Libérez les détenus politiques et d'opinion"… Dans la foulée, les marcheurs ont, en outre, vilipendé le nouveau chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, présenté comme "un Président mal élu, issu d'un coup de force électoral" ou encore "Un Président imposé par des généraux". Même les représentants des syndicats autonomes ayant rencontré le ministre de l'Education, Mohamed Ouadjaoud, et les responsables des médias qui ont répondu favorablement à l'invitation du nouveau locataire d'El-Mouradia n'ont pas échappé aux foudres des manifestants béjaouis. Ces derniers ont tenu à dénoncer, à travers des slogans scandés à tue-tête ou écrits sur des pancartes, les convives de Tebboune et ceux de son ministre de l'Education, qualifiés de "traîtres" et de "béquilles du pouvoir". Notons, enfin, qu'en plus des photos de certains détenus du mouvement populaire, dont Karim Tabbou, Fodil Boumala et Samir Belarbi, le portrait du chanteur engagé Matoub Lounès, assassiné le 25 juin 1998, a plané tout au long de la marche d'hier qui a coïncidé avec le 64e anniversaire de la naissance du "Rebelle".