La Russie n'adhère pas à la nouvelle approche adoptée par l'Opep+ en vue d'un prolongement de la baisse de la production pétrolière au-delà de juillet prochain. Et elle le fait savoir par la voix de l'un de ses principaux négociateurs dans les discussions sur le pétrole, en l'occurrence le président du fonds souverain russe, Kirill Dmitriev. Celui-ci, dans une déclaration au quotidien RBC Daily, cité par Reuters, estime, en effet, qu'il n'y a pas d'intérêt à prolonger l'accord, alors que la demande pétrolière se reprend progressivement après avoir brutalement chuté avec la crise de la pandémie de coronavirus. Il ajoute : "On constate déjà que les économies et les marchés financiers sont en train de se rétablir du coronavirus, ce qui contribue à augmenter la demande de pétrole, alors, il n'y a pas de raison de prolonger des réductions au-delà d'un mois (après juillet)." La voix autorisée de ce haut responsable russe peut s'avérer décisive dans les prochaines négociations autour de l'accord de limitation de la production signé entre l'Opep et des pays non-Opep. Dmitriev fait ainsi grise mine et risque de passer pour un rabat-joie, troublant la mise en œuvre de cet accord. Ce dernier encourage pourtant une approche fondée sur la collaboration pour la stabilité des marchés, une stratégie, a priori, claire et réaliste devant conduire à une remontée, à très court terme, des cours de l'or noir. L'Opep et ses alliés dont la Russie s'étaient engagées le 12 avril dernier à une réduction historique de leur production de 9,7 millions de barils par jour pour les mois de mai et de juin. Cette baisse devrait passer à 7,7 millions de barils par jour à compter du 1er juillet et ce jusqu'à décembre, puis à 5,8 millions de barils par jour de janvier 2021 à avril 2022. Jeudi dernier, le Comité ministériel mixte de suivi de l'accord de limitation de la production a tenu une réunion par visioconférence pour faire le point sur le degré de respect des engagements pris dans le cadre de cet accord. Des pays membres du Comité ont laissé la porte ouverte à une éventuelle prolongation ou assouplissement de l'accord actuel au-delà de juillet, demandant à certains pays, comme l'Iraq ou le Kazakhstan, de coopérer davantage et de faire preuve de rigueur dans l'application de l'accord. Le Comité a jugé que l'accord est globalement respecté. Ce qui donne du tonus aux prix du pétrole qui suivent une tendance à la hausse depuis quelques semaines. Vendredi, 19 juin, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a terminé à 42,19 dollars à Londres, en hausse de 1,6% ou 68 cents par rapport à la clôture de jeudi. Une question cependant : cette tendance va-t-elle se maintenir encore longtemps ? Tout dépend du respect des engagements pris dans le cadre de cet accord, de la reprise de l'économie mondiale et de la demande de pétrole dans les pays consommateurs. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit un fort rebond de la demande pétrolière l'an prochain, mais qui sera toutefois limitée par les difficultés du secteur de l'aviation.