Le Gouvernement libyen d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU, a dénoncé dimanche soir comme une "déclaration de guerre" les menaces de l'Egypte d'intervenir militairement dans le conflit en Libye voisine. "C'est un acte hostile, une ingérence flagrante et l'équivalent d'une déclaration de guerre", a dénoncé le GNA dans un communiqué. "L'ingérence dans les affaires internes de l'Etat libyen et l'atteinte à sa souveraineté, que ce soit par des déclarations (...) comme celles du président égyptien, ou par l'appui aux putschistes, aux milices et aux mercenaires, sont inacceptables", a-t-il averti. "La Libye tout entière est une ligne rouge", a encore dit le GNA. "Quel que soit le différend qui oppose les Libyens, nous ne permettrons pas à notre peuple d'être insulté ou menacé", ajoute le communiqué en réponse aux déclarations du président égyptien Abdelfatah al-Sissi qui a menacé, samedi soir, d'intervenir militairement sur le sol libyen, si les forces du GNA continuaient leur avancée vers la ville stratégique de Syrte, dernier bastion de Khalifa Haftar. Appelant, par ailleurs, la communauté internationale "à assumer ses responsabilités face à cette escalade", le GNA s'est dit "favorable à toute médiation impartiale sous l'égide de l'ONU" et a rejeté "les initiatives unilatérales des hors-la-loi". La tension entre Le Caire et le gouvernement légitime de Tripoli intervient deux jours avant une réunion ministérielle par visioconférence de la Ligue arabe sur la Libye, à laquelle le GNA a refusé de participer. Initialement prévue lundi (hier ndlr), à l'initiative de l'Egypte, cette réunion a été reportée à aujourd'hui en raison, officiellement, de "problèmes techniques". Mais des observateurs estiment que ce report renseigne plutôt sur des désaccords profonds entre membres de la Ligue arabe sur le dossier libyen. Dans le conflit en Libye, l'Egypte soutient les forces du général Khalifa Haftar, rivales du GNA, reconnu par l'ONU et appuyé depuis janvier par la Turquie. Le soutien militaire d'Ankara a fait basculer les rapports de force sur le terrain en faveur du GNA qui a multiplié les succès militaires contre Khalifa Haftar, aujourd'hui en déroute totale. L'Egypte, face aux échecs répétés de son homme en Libye, a tenté des initiatives diplomatiques afin de combler les défaites militaires de Haftar mais, encore sur ce plan, Le Caire n'a pas réussi à convaincre la communauté internationale du bien-fondé de ses propositions de sortie de crise, et encore moins le Gouvernement d'union nationale, dirigé par Fayez al-Serraj. Ce dernier a engrangé d'importantes victoires depuis début juin, prenant le contrôle de l'ensemble du nord-ouest de la Libye. Ces succès ont signé l'échec de l'offensive lancée en avril 2019 par le général Haftar pour s'emparer de Tripoli. Les forces du GNA continuent leur avancée vers la ville de Syrte, verrou stratégique vers l'Est, qu'elles veulent reprendre aux troupes de Haftar.