Mercredi, les parties libyennes ont repris les discussions de Genève, dans le cadre du Comité militaire 5+5, sous l'égide de l'ONU. Washington défend cette forme de dialogue, issue de la Conférence internationale de Berlin, en janvier dernier. Les Etats-Unis ont fini jeudi par exprimer leur rejet, de manière ouverte, de l'initiative politique de l'Egypte pour la résolution de la crise en Libye, même s'ils ont respecté les formes pour éviter de froisser leur allié égyptien, Abdel Fattah al-Sissi. Tout en soutenant la proposition égyptienne d'un cessez-le-feu en Libye, Washington conditionne sa mise en œuvre par une implication directe de l'ONU, selon les déclarations du secrétaire d'Etat américain adjoint pour le Moyen-Orient, David Schenker, lit-on sur le site du département d'Etat, qui a intégralement diffusé le contenu de sa conférence de presse jeudi. "Nous pensons que certains aspects de l'initiative égyptienne, présentée la semaine dernière au Caire, sont utiles", a-t-il affirmé, estimant, toutefois, que "le processus dirigé par les Nations unies et le processus de Berlin sont vraiment les cadres les plus productifs pour que tout le monde s'engage dans les négociations et fasse des progrès sur le cessez-le-feu et la négociation, ainsi que la consolidation de tout cela". Et d'ajouter : "Je pense donc qu'il y a eu des écarts par rapport à cela dans le cadre de l'initiative égyptienne", qui demande l'élection d'un nouveau conseil présidentiel par les Libyens. Ce que rejette le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Tripoli, reconnu par l'ONU, qualifiant la "Déclaration du Caire" comme un vol au secours de l'Egypte à son allié Khalifa Haftar, après sa série de défaites militaires dans l'Ouest libyen, ces deux derniers mois. Ces revers militaires l'ont contraint à se retirer de Tripoli et à céder le contrôle de la ville stratégique de Tarhouna, où la découverte d'au moins huit charniers a été qualifiée d'"horreur" par la Mission d'appui de l'Onu en Libye (Manul). Mardi, le président turc avait fait état d'une probable initiative turco-américaine sur la Libye, rejetant en bloc la proposition de son rival égyptien, qui soutient Khalifa Haftar contre le GNA, appuyé militairement par Ankara. En dehors du soutien apporté par les alliés de Haftar, à savoir les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, la Russie et la Jordanie, la proposition égyptienne n'a pas suscité d'adhésion espérée des autres acteurs impliqués dans ce dossier, dont l'Algérie, qui a appelé à un "dialogue politique interlibyen inclusif", loin de toute ingérence étrangère. Par la voix de son ministère des Affaires étrangères, l'Algérie a renouvelé "son attachement au rôle central des pays voisins afin de rapprocher les vues entre les frères libyens (...)", lit-on dans le communiqué réagissant à la "Déclaration du Caire", annoncée par Al-Sissi, lors d'un point de presse avec Khalifa Haftar et le président du Parlement libyen exilé à Tobrouk, Aguila Salah. L'image de cette conférence a discrédité de fait son initiative. Lyès Menacer