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"Mettre en place une caisse de dépôt et d'investissement"
Crise financière et réformes structurelles
Publié dans Liberté le 28 - 06 - 2020


Par : Dr LACHEMI SIAGH
PROFESSEUR EN STRATEGIE
ET SPECIALISTE EN FINANCEMENTS INTERNATIONAUX
Au premier trimestre 2020, la crise sanitaire a donné le coup de grâce aux économies des pays les plus puissants comme les USA, l'Europe et la Chine dont les économies commençaient à battre de l'aile. Les pays pétroliers comme l'Algérie ont, en plus de la crise économique et de la Covid-19, subi l'effet dévastateur de l'effondrement des prix du pétrole. Comment ces différents acteurs ont alors fait face à cette crise multidimensionnelle ?
Les pays nantis déjà surendettés et devant l'impossibilité d'augmenter les impôts ont eu recours aux banques centrales, c'est-à-dire à la planche à billets de façon indirecte pour la Banque centrale européenne (BCE) qui s'est lancée dans un rachat massif de dettes publiques et privées restaurant ainsi leurs liquidités afin qu'ils puissent prêter davantage aux acteurs économiques que sont les ménages et les entreprises et stimuler, du même coup, la croissance.
Pour ce qui est des USA et de l'Angleterre, la FED et la Banque d'Angleterre achètent des titres de la dette publique sur le marché des émissions primaires et ainsi financer directement le déficit public. Elles créent de la monnaie en créditant le compte du Trésor. Ainsi la FED a injecté plus de 3 trillions de dollars dans l'économie américaine. En ce qui concerne l'Algérie, déjà en 2017, elle avait usé de la planche à billets pure et dure afin d'émettre l'équivalent en dinars de 55 milliards de dollars pour financer directement le Trésor.
Par ailleurs, le Trésor et la Banque d'Algérie envisagent une coopération en vue d'un rachat des dettes publiques. Il s'agit, alors, pour l'Algérie d'une combinaison de la méthode directe de la FED et de la méthode indirecte de la BCE. Cette stratégie de financement monétaire est-elle efficiente et appropriée pour financer les déficits budgétaires en Algérie ? Il faut savoir que si les pays développés ont recours à la planche à billets, ils ont une base industrielle productive solide qui génère de la richesse qui permet ensuite de détruire le papier imprimé.
Ce recours à la planche à billets sert à sauver des entreprises en quasi-faillite mais l'apport se fait en contrepartie d'actions détenues par l'Etat dans ces entreprises. Or, en Algérie, le recours à la planche à billets, conçu par MM. Djoudi et Ahmed Ouyahia, s'est fait sans qu'il y ait un quelconque contrôle sur les engagements pris, ni de garanties sur la mise en œuvre des réformes ni sur la façon dont ces emprunts allaient être remboursés. Le financement monétaire d'un montant de 5 192 milliards de dinars utilisé entre 2018 et 2019 n'a pas été affecté à la croissance économique et aux projets productifs. Il est venu seulement en réponse à la dégradation des comptes publics.
Ces chiffres renseignent sur l'ampleur des dépenses non budgétisées et que le Trésor ne peut pas honorer. Vu l'ampleur de la crise économique en Algérie et aux besoins récurrents non budgétisés au cours des prochaines années, il n'y a pas d'autres solutions que le recours à une combinaison d'instruments impliquant, qu'on le veuille ou non, davantage la planche à billets, les financements extérieurs, la politique de change et des rationalisations pour parvenir à enrayer la dynamique folle des déficits budgétaires et de la balance des paiements.
Ces mesures permettront simplement de maintenir l'économie du pays sous perfusion. Il n'y aura pas moyen d'aider les entreprises comme le font les Européens. Le véritable salut de l'Algérie réside dans la mise en œuvre de réformes économiques, fiscales, sociales (rationalisation des subventions) et organisationnelles (décentralisation) profondes et l'abandon du recours à la rente pétrolière.
Pour revenir aux instruments financiers à mettre en œuvre, il y a la planche à billets dont l'Algérie a déjà usé, mais celle-ci crée des dinars seulement pour les besoins internes, car avec les dinars de la planche ou du secteur informel on ne peut pas acquérir les biens et services de l'étranger payables en devises fortes. Comme les réserves de change ont fondu comme neige au soleil, l'Algérie, malgré les dogmes qu'elle s'est imposés, sera forcée tôt ou tard de recourir aux emprunts extérieurs.
Quels emprunts seraient alors indiqués ?
L'Algérie a été absente depuis plus de 15 ans des marchés internationaux de la dette. Avec les différentes crises financières, les capacités de prêter des banques étrangères ont été sérieusement restreintes, Bâle 3 oblige. Ceci étant, il y a différents types de financement auxquels l'Algérie peut avoir recours :Pour financer les déficits, il faut de l'argent frais. Il y a seulement les financements extérieurs non liés.
Pour cela, un rating ou notation du pays est requis. Il faut obtenir une note "investment grade", minimum BBB, pour pouvoir emprunter sans garantie et sur simple signature des sommes importantes sur les marchés des obligations souveraines. Le fait de ne pas avoir de dettes externes est un avantage substantiel, cependant les bailleurs de fonds regarderont les capacités de remboursement du pays. Le pays a le potentiel mais celui-ci est tributaire des prix du baril et surtout des réformes économiques profondes rendues nécessaires.
L'Algérie pourra malgré tout lancer un euro bond par exemple de quelques milliards d'euros, mais elle en paiera le prix. La finance islamique dans sa composante "sukuk" peut permettre à l'Etat et ses entités d'émettre des titres libellés en devises. Ces financements doivent être adossés à des actifs appartenant à l'Etat : aéroports, ports, autoroutes, etc. Ces financements pourront aussi servir à financer les déficits. La politique de change est un autre instrument à envisager.
Les pays disposant d'une base productive importante utilisent l'avantage d'une monnaie faible pour rendre leurs produits compétitifs à l'exportation et attirer plus de touristes. Ce qui n'est pas le cas de l'Algérie. Un dinar faible donnera simplement l'illusion d'avoir plus de ressources dans les caisses de l'Etat, puisque les dollars du pétrole rapporteront plus de dinars et donc permettront de mieux couvrir dans le court terme les dépenses publiques. En dehors des mécanismes de financement du budget, l'Etat peut financer ses projets vitaux sans utiliser le budget en ayant recours à des financements appropriés.
Il y a les agences multilatérales de développement comme la BAD, la BID et le Fades dont l'Algérie est membre et qui peuvent accorder des financements concessionnels pour financer des projets d'infrastructures initiés par l'Etat. Il y a les ECAs et autres Exim Bank (USA, Canada, Japon, etc.) qui peuvent accorder des financements à moyen et long termes, mais ce sont des financements liés à l'achat de biens et services provenant de ces pays. Enfin, il y a les financements structurés comme les BOT, BOOT, concessions, qui sont utilisés pour financer des projets bancables qui génèrent des devises pour rembourser le financement.
Ces financements dits à recours limité font que l'Etat ne supporte pas le risque du projet mais les bailleurs de fonds étrangers. En ce qui concerne le traitement du déficit de la balance des paiements, celui-ci ne pourra se faire sans une réduction drastique de la facture de services étrangers et une politique ambitieuse d'encouragement des activités de services purement algériens. De même l'ouverture à la concurrence des télécoms, des transports aérien et maritime réduira les coûts à l'économie. Par ailleurs, un code des investissements attractif pour stimuler les IDE est de mise.
Enfin, pour améliorer la balance des comptes extérieurs, il conviendra de mettre en place une politique de change avec un dinar moins fort afin de décourager les importations, les surfacturations et stimuler les exportations. Le salut de l'Algérie réside dans la mise en œuvre de réformes structurelles profondes nécessitant un véritable changement de paradigme économique. L'objectif n'est pas de résorber les déficits et revenir à l'équilibre budgétaire, mais de concevoir une politique économique tournée vers la croissance et privilégiant le savoir, la créativité et l'entrepreneuriat.
Il s'agit de dégonfler la sphère économique publique et d'engager les réformes structurelles qui permettront dans un avenir pas très lointain de faire émerger un secteur privé industrieux, productif, déconnecté de la commande publique et faire entrer l'Algérie dans le concert des pays émergents. Ces réformes doivent viser d'abord l'amélioration du climat des affaires. La réforme financière est la première à mener. Elle doit aboutir à la création d'un marché financier diversifié, profond et robuste qui prendra le relais du Trésor en matière de financement de l'économie marchande.
Sans cela, la diversification de l'économie tant essentielle pour la survie du pays et pour échapper à la captivité des hydrocarbures ne pourra se faire. Dans le secteur bancaire, la dématérialisation, la digitalisation et la compétitivité sont une question vitale.Sur le plan institutionnel, il faudra opérer une refondation totale du FNI qui devra cesser d'être un simple bras du Trésor pour l'exécution de dépenses non budgétisées pour en faire un véritable fonds souverain.
Il devra devenir un acteur majeur dans le cadre de l'acquisition à l'étranger de nouvelles technologies essentielles à l'économie algérienne et détenir des actifs étrangers pour diversifier les ressources en devises du pays et influer sur les décisions dans des secteurs vitaux pour notre économie. La décentralisation est une question vitale pour la cohésion du pays et son intégration. Pour cela, une banque des territoires doit être envisagée dans les plus brefs délais.
La création d'une caisse de dépôt et d'investissement est un élément central d'une réforme structurelle à entreprendre. Celle-ci jouera un rôle novateur dans une économie débarrassée d'une présence prépondérante de l'Etat. Elle devra être un organe qui appartient à l'Etat, qui opère sur une base purement commerciale, mais doté d'un système de gouvernance transparent échappant à l'emprise de l'Exécutif, de sorte que la caisse rende compte à un parlement légitime. La nomination de son président devra être approuvée par le parlement.
Elle sera gouvernée par un conseil d'administration composé en grande majorité par des professionnels de différents métiers et provenant en majorité du secteur privé. Ses cadres doivent être rompus aux différents métiers de l'investissement, de la gestion d'actifs, des politiques d'allocation, de placement, d'arbitrage, de gestion de l'immobilier, de project finance, etc. Cette caisse dotée de plusieurs filiales sera l'instrument idoine pour le développement d'un marché financier en jouant le rôle de teneur de marché. Elle aura vocation à prendre des participations dans les entreprises rentables.
En outre, elle pourra gérer les actifs qui ont été acquis illicitement ou dont les propriétaires ont bénéficié de prêts qui sont aujourd'hui non performants et irrécupérables. Elle pourra gérer les avoirs des différents organismes publics et parapublics qui n'ont pas de capacités de gestion d'actifs et de planification financière, comme la CNR, la Cnac, la Cnas, etc. La caisse pourra intervenir, à côté des banques, dans le financement de grands projets lorsque les banques font face à un problème de ratio de division des risques. Contrairement aux banques, elle pourra participer au capital des projets économiques.
Enfin, la caisse jouera le rôle de fiduciaire, métier qui n'existe pas en Algérie. Les entreprises publiques et privées qui s'accrochent aux mamelles du Trésor et qui produisent de la dette doivent être prises en charge par la caisse qui créera une "bad bank" à cet effet. Elle devra être subrogée dans les droits de l'Etat pour récupérer tous les crédits indûment octroyés à des projets non réalisés. Nous sommes dans l'aire des nouvelles technologies et des start-up, la caisse, à travers toutes ces actions, sera un vecteur de modernité.


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