Un arrêté du wali de Constantine portant fermeture des marchés de bétail, des marchés hebdomadaires et des centres commerciaux, où les mesures de prévention contre le coronavirus ne sont pas respectées, a été signé mercredi passé. Des dispositions qui dénotent la gravité de la situation dans cette wilaya qui connaît depuis plusieurs jours une propagation effrénée des contagions au Covid-19 et la saturation des trois unités de prise en charge des patients. Prévisible, cette situation avait pourtant incité les autorités locales, il y a quelques jours, à envisager le renforcement des capacités d'accueil des malades dans la wilaya par l'aménagement d'une quatrième unité à l'Institut national de formation supérieure paramédicale (INFSP) de Constantine. Une option qui semble buter sur moult problèmes d'ordre organisationnel dont le détachement à mi-temps du personnel médical devant encadrer la prise en charge des malades dans cette unité. Entre-temps, la situation relative à l'évolution de cette dernière dans la wilaya risque de devenir incontrôlable en raison du nombre sans cesse croissant des patients contaminés, de la saturation qui caractérise les trois établissements hospitaliers dédiés à la prise en charge des malades et des conditions de travail de plus en plus difficiles pour les praticiens de la santé qui n'ont eu de cesse de tirer la sonnette d'alarme. Cela, au moment où la wilaya de Constantine a enregistré, entre le 28 juin et le 1er juillet, 57 nouveaux cas positifs au virus. Au service de médecine interne du centre hospitalo-universitaire Ibn-Badis où les patients Covid-19 sont admis, la situation est chaotique. Les médecins rencontrés, jeudi sur leur lieu de travail, pointent d'emblée le problème de surcharge de l'unité et des mauvaises conditions de prise en charge devenus, selon eux, insupportables. "Le service est bondé, nous ne pouvons recevoir de nouveaux malades qu'en cas de guérison ou de décès d'un patient admis en soins. Nous recourons en quelque sorte au système des listes d'attente. Pour désengorger le service, nous sommes obligés de recourir à d'autres salles", affirme un médecin qui a requis l'anonymat de peur d'être sanctionné par la direction de l'hôpital qui, selon ses dires, leur a interdit de communiquer avec la presse. "Les trois services réquisitionnés pour la prise en charge des malades sont occupés à 100%. Parmi nos collègues, certains ont été infectés parce qu'ils ne sont pas protégés efficacement. Nous souffrons aussi d'un manque criant de personnels médical, paramédical et d'auxiliaires de santé dont certains ont été également contaminés. Ce n'est pas la Covid-19 qui tue, ce sont les mauvaises conditions de prise en charge", lance sa collègue. La wilaya de Constantine connaît depuis plusieurs jours déjà une augmentation fulgurante du nombre des cas de Covid, et le bilan établi par le comité scientifique de suivi de l'évolution du coronavirus fait état de 603 cas de contamination et de 25 décès.